Accréditation

Le cinéma en action

Ce jeudi matin, la journée s’est ouverte sur de la prospective, des idées, du futur. Sur comment la salle est en mouvement et s’adapte aux nouveaux publics et, en ce moment, à une crise sanitaire sans précédent. Elle était animée par Sylvain Devarieux, journaliste au Film Français. 

96bd4d21 Cfb3 4d69 A3ab 1f9af0b5b71f 

Organisée dans le cadre du Parcours exploitant Afcae-ADRC, cette table ronde réunissait Pierre-Emmanuel Le Goff, Pdg de La 25e Heure, Joséphine Letang, directrice générale de La Toile, Christophe Maffi, gérant directeur de la SCOP Le Navire, Cerise Jouinot, responsable cinéma à la Cité internationale de la Bande-Dessinée et de l’Image d’Angoulême, Stéphane Goudet, directeur artistique du cinéma Le Méliès de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Nathanaël Karmitz, président du directoire de MK2 et grand témoin du MIFC 2020 et Pedro Borges, directeur de MIDAS Filmes et Cinema Ideal, invité d’honneur dans le cadre du focus accordé au Portugal.

Cette table ronde s’est ouverte sur l’invité lusitanien qui est revenu sur le cas portugais. Un cas délicat par rapport au patrimoine, tant, comme il l’explique, l’accès aux oeuvres est complexe. Ce fait est du notamment au manque de numérisation du patrimoine local comme l’expliquaient déjà les intervenants des tables rondes d’hier. Ce à quoi s’ajoute, comme le précise Nathanaël Karmitz, un réseau de cinéma assez limité dans le pays et surtout une concentration de ces derniers majoritairement détenus par des compagnies de téléphone qui sont également distributrices et qui diffusent leur propre catalogue en ligne. Mais les initiatives se développent, boostées par l’urgence sanitaire : « Nous avons le projet de créer une plateforme Cinema Ideal Online, qui permettra de diffuser à la fois en salle et en VàD simultanément les séances des films dès leur deuxième semaine d’exploitation. L’idée est d’appliquer le même prix d’entrée. Il faut aller chercher le public où il est. » explique alors Pedro Borges. 

Cette hybridation de la diffusion, plusieurs des panélistes français l’ont également expérimentée avant et surtout pendant le confinement, et compte bien le prolonger. Deux représentants de ces possibilités étaient présents. Tout d’abord, La Toile. Lancée en 2017, avec 5 cinémas adhérents, elle est montée à 230 à l’aune de l’état d’urgence de mars dernier. Le principe de cette solution est de proposer une programmation spécifique pour chaque cinéma partenaire. Chacun décide des films qu’il souhaite dans une idée de complément à la programmation de la salle en physique. Ce qui amène la plateforme à mettre à disposition en moyenne quelques 45% de films classiques. Le but est bien d’entretenir le lien entre les spectateurs et leur cinéma comme l’explique sa directrice générale, Joséphine Letang. Pendant le confinement, chaque cinéma a ainsi pu organiser son propre ciné-club en quelque sorte. Ce qu’a fait Cerise Jouinot, responsable cinéma à la Cité internationale de la Bande-Dessinée et de l’Image d’Angoulême qui plébiscite le concept même si, en termes purement chiffrés, ce n’est pas mirobolant, ni en recettes, ni en spectateurs. Elle souhaite cependant le développer davantage pour toujours plus fidéliser ses spectateurs. 

La 25e heure, autre initiative a, elle, été lancée en mars peu de temps après le confinement. « L’idée, à ce moment,-là, était de palier à la fermeture des salles, et d’assurer le lien avec les spectateurs jusqu’à la réouverture », a expliqué Pierre-Emmanuel Le Goff, Pdg de la jeune entreprise. L’idée est simple : des séances géolocalisées à horaires fixes avec un partenariat de partage de recettes avec chaque salle. Après le 22 juin, la 25e heure a eu une volonté de pérenniser ce concept avec des séances hybrides, à la fois en salle et en ligne, mais aussi de donner une part plus forte au patrimoine. Une idée à laquelle a souscrit notamment Stéphane Goudet, directeur artistique du cinéma Le Méliès de Montreuil. 

Pour ce dernier, ce fut un véritable atout, même si numérairement également, cela n’a pas été tout à fait significatif sur le moment. Mais cela reste une idée à developper pour le futur, notamment dans le cadre de séance accompagnée qui pourrait ainsi être diffusée de manière plus large, voire même en collaboration avec d’autres cinémas du reste de la France pour partager leurs événements. Pour l’exploitant, cet accompagnement des oeuvres, en particulier de patrimoine, est primordiale, pour rassembler les publics, et surtout les nouveaux publics. Il donne alors l’exemple d’une projection de David Golder, un film assez méconnu de Julien Duvivier qui avait  fait salle comble, avec du jeune public!, notamment grâce à une conversation autour du film avec Wes Anderson. 

A cet enthousiasme sur l’hybridation de la salle et du numérique, Nathanaël Karmitz a apporté un léger bémol. « Dans le cadre de ces rapports entre salle et digital, on ne peut pas généraliser ce qui s’est passé depuis le confinement, ni l’appliquer à ce que sera notre vie future", a relativisé Nathanaël Karmitz. "Notre métier, en tant qu’exploitants, est de faire sortir les gens de chez eux, de créer et gérer nos communautés de spectateurs dans nos villes et nos quartiers. Le lien des salles avec le digital est une nécessité aujourd’hui, même s’il reste compliqué, technique et coûteux. Mais les dispositifs innovants dont on parle ne peuvent pas remplacer l’activité de la salle de cinéma. » a-t-il ainsi rappeler. De son côté, MK2 a également développé son offre numérique avec la création, pendant le confinement, de MK2 Curiosity pour que le cinéma « reste une activité bien ancrée dans le quotidien des gens ». Pour le grand témoin du MIFC 2020, il s’agit avant tout d’une démarche de cataloguistes pour faire exister et donner à voir des oeuvres de leur catalogue qui n’ont, à priori, pas de valeur commerciale. Une nouvelle version sera lancée dès le 25 novembre, avec l’ambition d’ouvrir sa programmation à d’autres catalogues et éditeurs.

Enfin, la table ronde s’est terminée avec une dernière initiative plutôt originale, et rétrofuturiste, pour faire vivre le cinéma : le drive-in. Ce fut l’idée de Christophe Maffi, gérant directeur de la SCOP Le Navire, qui exploite quatre cinéma entre la Drôme et l’Ardèche. Lui aussi a souscrit à la 25e Heure et à la Toile mais par un concours de circonstance, ce petit circuit, à l’origine issu dans les années 80 du cinéma itinérant et dont c’est toujours l’un des coeurs de métiers, s’est lancé dans la remise au goût du jour du drive-in. Ce qui était à l’origine une idée très locale et surtout unique a pris une ampleur assez folle pendant le confinement et l’été grâce à un succès immédiat, plus de 300 véhicules à la première séance, et un gros relais presse. Comme le dit un Christophe Maffi encore étonné : « Ce fut une expérience incroyable. Au début c’était un simple post Facebook pour annoncer la séance, puis c’est devenu un entrefilet dans le Film français. Et on a fini au 13h de TF1! ».

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox