Accréditation

Rencontre cinéma d’animation : "Il y a encore du chemin pour raconter la belle histoire de l’animation"

Ce mercredi matin a débuté avec une rencontre autour du cinéma d’animation de patrimoine co-organisée par le festival d’Annecy et l’Institut Lumière. 

 MIFC Animation

Introduit par Nicolas Thys, Jean-Baptiste Garnero, chargé d'études pour la valorisation des collections CNC, est revenu sur le statut du cinéma d’animation de patrimoine qui avant les années 2000-2010, hors Disney, était particulièrement cantonné aux cinémathèques et aux rétrospectives. Dans un premier temps, un "plan nitrate", organisé par le Centre, a permis de sauver certains de ces films avant la vraie "révolution copernicienne" de la numérisation. A partir de 2012, le CNC a donc lancé un grand plan de numérisation en 2K et 4K afin de pérenniser la diffusion des films. Mais parmi l’ensemble des 700 oeuvres numérisées pour un budget total de 55 M€, un seul long métrage, La planète sauvage de René Laloux, et une trentaine de courts métrages sont de l’animation, soit 2% des restaurations aidées. L’occasion pour Jean-Baptiste Garnero de lancer un appel aux ayant-droits, souvent des petites structures voire des particuliers, de proposer leurs films d’ici 2019 (jusqu’à la fin annoncée de ces aides). 

Par ailleurs, le chargé d’étude a rappelé qu’à Bois D’Arcy, où près de 110 000 oeuvres sont conservées par le CNC, des restaurations sont également faites en interne. Et notamment de l’animation comme c’est le cas pour le travail d’Alexandre Alexeïeff ou de Peter Foldes. L’objectif du Centre est bien de faire revivre ces auteurs connus mais invisibles, jusqu’ici pour des soucis d’ayant-droits ou de restauration, et de pouvoir les amener jusqu’à une diffusion.  

A la suite du CNC, ce fut à Marco de Blois, programmateur-conservateur animation de la Cinémathèque du Québec de prendre la parole. L’homme a précisé que cette cinémathèque spécifiquement avait développé une spécialisation de diffusion et de conservation du cinéma d’animation international. En particulier depuis une rétrospective mondiale du cinéma d’animation qui s’est tenue en 1967. A l’heure actuelle, celle-ci travaille sur deux projets en particulier, deux films considérés disparus jusqu’ici. Marco de Blois, à grand renfort d’une présentation très documentée en images, a raconté les étapes de restauration de Gertie le dinosaure, film de 1914 de Windsor McCay. Mais alors que la version de la fin 1914 existe encore, celle du début de cette année, présentée dans le cadre d’une représentation sur scène, avait complètement disparu. L’objectif de la Cinémathèque? Construire une version définitive du film original utilisé par McCay et intégrer cela dans un spectacle et le faire découvrir à un nouveau public. Pour terminer, il a présenté 40 secondes de Hen Hop de Norman McLaren, une première devant un public hors Québec. 

Sylvie Brévignon, directrice d’exploitation chez Anime Ltd, s’est ensuite étendue sur le cas du cinéma d’animation japonais. L’occasion d’expliquer que le pays n’avait pas du tout de tradition de préservation et que retrouver du matériel, ou même les ayant-droits, pour une oeuvre restait une entreprise dantesque. Il est ainsi particulièrement difficile d’avoir accès à un film datant d’avant les années 90. Et de raconter le cas de Ghost in the Shell qu’elle a distribué. Une recherche qui lui a pris deux ans pour un film sorti en 1994. "J’ai effectué un travail d’archiviste et de restauration, comme si c’était devenu le rôle de la France de préserver le cinéma japonais" explique-t-elle, précisant qu’elle serait étonnée de voir le pays changer d’attitude quant à la conservation de ses oeuvres. Hors Ghibli, qui fait figure d’exception localement. 

D’ailleurs, les films de la société de Hayao Miyazaki est distribué en France par Disney. Et c’est logiquement que Frédéric Monnereau, directeur Distribution Cinema et Marketing de l’entreprise à grandes oreilles, a pris la suite de Sylvie Brévignon. L’occasion pour l’homme de rappeler la quasi-hégémonie dont a bénéficié Disney jusqu’aux années 1990. Un grand pouvoir qui lui permettait, notamment au moment de la VHS, de ressortir régulièrement ses classiques "pour atteindre toutes les générations". A l’heure du numérique, la société a changé de stratégie et a créé en 2012 le label Disney Heritage dans lequel tous leurs films sont numérisés depuis Blanche-Neige. L’idée? Une grande souplesse, fonctionnant ainsi à la séance, créant de l’événementiel mais aussi en aidant, d’un point de vue marketing, les salles en leur mettant du matériel à disposition.  

Enfin Jean-Paul Commin, auteur du livre de Kirikou et après, vingt ans de cinéma d'animation en France, est venu présenter son livre en conclusion tout en encourageant les bonnes volontés pour "raconter la belle histoire de l’animation" citant notamment les initiatives de l’Afca ou du label jeune public de l’Afcae. 

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox