Accréditation

Table ronde SVoD/VoD : "Il faut désacraliser les films classiques"

La journée de mercredi s’est terminée de façon animée avec la table ronde, retransmise en direct, dédiée à la relation entre SVoD/VoD et cataloguistes et animée par Sarah Drouhaud. 

 MIFC SVOD

Comme le soulignait Jérôme Soulet lors de sa keynote et comme l’a rappelé Sarah Drouhaud du Film français : "L’avenir du cinéma classique passera par le non-linéaire". Mais comment se passe la relation avec les cataloguistes et les plateformes? De manière générale, l’ensemble des panélistes présents, Quentin Carbonnel, directeur des acquisitions de Mubi, Jérôme Chung, co-Fondateur d’Under the Milky Way, Mathias Hautefort, président de Vitis, Charles Hembert, directeur des éditions d’UniversCiné, Marie-Louise Khondji, fondatrice et directrice générale du Cinéma Club, Jean Ollé-Laprune, responsable éditorial de FilmoTV et Jean-Baptiste Viaud, délégué général de LaCinetek, s’accordent pour dire que les relations avec les ayant-droits sont plutôt positives. Aucun d’entre eux n’a fait part de réelles difficultés, et surtout pas Charles Hembert dont l’entité UniversCiné est née d’une association d’ayant-droits. Jean Ollé-Laprune, qui fut l’un des pionniers de VoD avec FilmoTV, souligne cependant qu’il a tout de même fallu faire un peu de pédagogie, la notion d’ "internet" étant parfois inquiétante pour certains. De son côté, Jean-Baptiste Viaud expliquait que, dans le cas de La Cinétek, qui rassemble des films par liste définie par un réalisateur choisi, le syndrome du "picking" était parfois contraignant. 

Les principaux soucis de ces plateformes en lien avec le cinéma de patrimoine? La disponibilité des versions numériques, l’absence de distribution française (rendant parfois la traque aux ayant-droits difficile), l’absence de sous-titres ou encore les MG excessifs demandés notamment par les Etats-Unis : "Avec les Américains, on ne commence pas à négocier en-dessous de six chiffres" précise Mathias Hautefort. Un autre problème soulevé par ce dernier est aussi parfois le manque d’accessibilité à internet, et notamment au haut débit, pour certains utilisateurs potentiels d'où la proposition 2 en 1 de Video Futur d'être à la fois un fournisseur d'accès à internet et une plateforme de contenus : "On va là où les grands opérateurs ne veulent pas aller". 

Mais les clients sont-ils des curieux du cinéma de répertoire? La question est un peu sensible. En effet, si Jean Ollé-Laprune note une faible amplitude entre les films les plus et les moins vus et que Charles Hembert insiste pour dire que chaque film a été vu au moins une fois, cela reste les films les plus récents qui attirent les spectateurs potentiels sur ces plateformes. Un constat partagé par Jérôme Chung. Après avoir défini ce qu’était un agrégateur, soit une interface juridique, technique, financier et éditoriale entre les ayant-droits et les plateformes, ce dernier a expliqué que, d’après son expérience de cinq ans sur ce secteur, la demande en films de patrimoine, en France et à l’international, reste encore faible : "On ne retrouve pas la même appétence pour les films classiques sur la VOD/SVOD que sur le DVD il y a quelques années" insiste-t-il. 

Alors que faire pour attirer ces audiences potentiels vers les restaurations ou films plus rares? Les méthodes diffèrent "mais nous cherchons tous à être créatifs" a déclaré Charles Hembert. D’ailleurs, sur UniversCiné, fort d’un catalogue de 5 200 films, la priorité est donnée à la complémentarité avec les autres activités cinéma. Ainsi, avec le label Blaq Out, appartenant également au groupe LMC, des sorties croisées mêlant coffret collector et possibilité de visionner en ligne sont organisés. La plateforme travaille aussi avec l’actualité comme, par exemple, lorsqu’un réalisateur sort un nouveau film au cinéma, elle y voit l’occasion d’une rétrospective. Un procédé plus ou moins similaire est proposé par Le Cinéma Club de Marie-Louise Khondji. Le site propose ainsi chaque semaine une seule nouvelle oeuvre (film, court métrage…) gratuitement. L’idée est à la fois d’être un relai promotionnel pour un artiste autant qu’un vrai parti pris éditorial. 

La curation est aussi un angle possible et c’est celui choisi notamment par La Cinétek avec ses listes de films choisis par des cinéastes cultes. De même pour MUBI qui propose 30 films par mois, choisi et éditorialisé par les programmateurs : "on ne vient pas sur MUBI pour trouver un film, mais avec une envie de cinéma" explique ainsi Quentin Carbonnel. L’ensemble des panélistes se sont accordés pour dire qu’il était nécessaire d’aller chercher les utilisateurs sur le terrain du patrimoine et que pour ça il était essentiel de faire preuve de créativité mais aussi de ne pas avoir peur de désacraliser ces oeuvres qui, parfois, peuvent être rebutantes, surtout pour une audience plus jeune. 

Dans tous les cas présents ce mercredi après-midi, la question des aides institutionnelles a fait l’unanimité : elles sont nécessaires, le modèle étant encore difficilement tout à fait rentable, les plateformes souffrant d’un léger manque de reconnaisse. Même si le vent est en train de tourner… 

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