Accréditation

Numérisation des oeuvres et discussions avec les cataloguistes

Coupée en deux, cette table ronde été l’occasion d’un échange franc entre le CNC et les cataloguistes.

 

Ce jeudi après-midi, Philippe Loranchet, journaliste à Ecran Total, animait une table ronde aux côtés de Laurent Cormier, directeur de la Direction du Patrimoine Cinématographique au Centre national du cinéma et de l’image animée, Laurence Braunberger (Films du Jeudi), Anne Esteban-Barrière (Gaumont) et Yann Le Prado (Studiocanal). 

Dans une première partie, Laurent Cormier a d’abord fait le bilan, de 2012 à 2019, du dispositif patrimoine du CNC, rappelant qu’il était pour le Centre l’émanation d’une mission assignée par la loi avec pour consigne clé de « collecter, conserver, restaurer et valoriser le patrimoine cinématographique ». Il a ainsi rappelé les 50 ans d’action du CNC dans le domaine patrimonial avec 1,1 millions de boîtes conservées sur le site du Bois D’Arcy, l’inventaire national, le dépôt légal ainsi que les différents soutiens dans de nombreuses initiatives comme les festivals, les marchés, les associations oeuvrant pour la valorisation et la diffusion ainsi que les plateformes VàD. Il a terminé sur le plan d’accompagnement à la numérisation et la restauration des films de patrimoine. Qui a déjà aidé, depuis son lancement en 2012, quelques 1 161 oeuvres. Et il a tenu à rassurer l’ensemble de la salle ainsi que les panélistes : contrairement à ce qui avait pu être compris, celui-ci ne disparait pas. Mais il voit cependant son budget chuter drastiquement passant de 8,5 M€ l’an passé à 1,5 millions cette année. Pour compenser ce manque, le CNC s’apprête à lancer officiellement une possibilité de faire appel au mécénat. Cette mise en relation entre ayant-droits et le mécène se fera par l’intermédiaire du CNC. Le formulaire de demande est déjà disponible sur démarchessimplifiées.fr et le Centre affirme avoir déjà 140 ayant-droits qui ont déposé un dossier. Le CNC, lui-même, se chargera de trouver les mécènes. 

La nouvelle de la non-suppression de l’aide à la numérisation et à la restauration a été très bien reçu par les cataloguistes autour de la table. Mais l’accueil du bilan fut un peu pince sans rire de la part de Yann Le Prado : « Bravo pour la présentation du CNC, bilan très bien pour le passé mais pas pour le futur » a-t-il répliqué. Celui qui est aussi le président du syndicat des cataloguistes a commencé par rappelé pourquoi cette organisation avait été montée en janvier dernier. Composée des Films du Jeudi, Gaumont, Pathé, SNC-SND (Groupe M6), Studiocanal (Groupe Canal+), la Société Cinématographique Lyre et TF1 Studio (Groupe TF1), elle a pour objectif de défendre les intérêts de cette profession et de mieux la faire connaître. Et selon lui, cette baisse de l’aide du CNC arrive au pire moment en raison de la baisse du marché du patrimoine que ce soit en DVD ou au niveau des chaînes, tandis que le public des plateformes n’est pas friand du patrimoine. « Si cette aide s’amenuise, cela signifie qu’on ne pourra pas restaurer et exploiter ces films alors que nous avons une obligation d’exploitation » précise-t-il. Il précise aussi que ces aides font travailler beaucoup de personnes, des cataloguistes aux laboratoires. Et les trois représentants d’ayant-droits semblaient collectivement douter de la capacité du mécénat à venir combler ce manque. Leur demande est simple : 1%. Ils souhaiteraient que 1% du budget annuel du CNC soit dédié au patrimoine ce qui, selon Anne Esteban-Barrière, leur permettrait « d’accompagner à la hausse et à la baisse le budget du CNC », tout en ayant une forme de stabilité et de visibilité. Surtout que la restauration ou la numérisation n’est jamais réellement définitive et qu’il est nécessaire de remettre à jour régulièrement le catalogue pour convenir aux contraintes du marché, avide d’images dans la meilleure qualité possible. 

Une requête entendue par Laurent Cormier qui cependant y apporte un bémol : « Si tout le monde demande ça alors nous aurons un budget cloisonné, inflexible, incapable de s’adapter ». Si aucun terrain d’entente n’a été trouvé ce jeudi, tous étaient partant pour continuer cette discussion. 

Et à Yann Le Prado de conclure : « La question est : qu’est-ce que ce pays a envie de faire de son patrimoine? »

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox