Accréditation

Table ronde : économie du cinéma de patrimoine

Entre statistiques et expériences concrètes, la conférence de jeudi sur l’économie du cinéma de patrimoine a démontré une croissance timide mais bienvenue du secteur.

Comme chaque année, la conférence sur l’économie du cinéma s’est ouverte sur les précieuses statistiques de Benoit Danard, directeur des études statistiques pour le CNC. Une introduction parfaite à la table ronde sur l’économie du cinéma de patrimoine, modérée par Emmanuelle Spadacenta (Cinemateaser), qui démontre la relative vigueur de ce secteur en France. Il convient de noter que les films classiques constituent 38% de l’offre en salles et que, contrairement aux idées reçues, l’offre s’est enrichie sur les classiques de plus de 40 ans. Selon le matheux du CNC, l’évolution en pourcentages de places vendues du cinéma de patrimoine est bien supérieure à celle des films récents (100% d’augmentation contre 28% en 20 ans). Cela peut notamment s’expliquer par la rénovation du parc cinématographique, menant à une augmentation de 56% en 20 ans des séances dédiées au patrimoine.

Malgré un nombre moyen d’entrées par séance nettement plus élevé que pour les films actuels (35 entrées par séance contre 23), les films classiques souffrent toujours de recettes bien moindres liées aux typologies des salles qui les diffusent (cinémathèques, cinémas d’art et essai, projections pour les scolaires…). Le constat demeure plutôt positif pour la diffusion télévisée des œuvres de patrimoine, principalement grâce aux chaines de la TNT. Selon Benoit Danard, le plus grand défi pour le cinéma historique reste sa visibilité sur les plateformes de streaming comme Netflix et Amazon Prime. Vous pouvez retrouver l’étude complète sur le site du CNC en cliquant là.

Chez les professionnels, représentés par Marc Orly de Lost Films pour les distributeurs et Stéphane Bouyer du Chat qui fume pour l’édition, la réalité reste plus problématique. Si, comme l’explique Benoit Danard, la part du patrimoine dans le milieu du DVD/Blu-Ray est plus stable (et cela en raison d’une population française très collectionneuse), la situation demeure plus contrastée pour les éditeurs indépendants. La petite équipe de l’éditeur spécialisé dans les classiques érotico-horrifiques Le Chat qui Fume s’est rapidement tournée vers le "Do it Yourself" afin de dégager la moindre marge. Cela implique la prise en charge de la restauration (parfois menée en collaboration avec d’autres indépendants) mais aussi celle de la commercialisation, directement sur leur site internet. La suppression des intermédiaires passe également par une quasi-absence de communication publicitaire et une promotion exclusivement tournée sur les réseaux sociaux. "On ne communique que sur Facebook et nous essayons d’impliquer notre public  de façon pédagogique dans le processus d’édition", explique Stéphane Bouyer.

Une façon de faire qui n’est pas étrangère à Marc Orly. Après la création de Lost Film pour faire découvrir To Kill a Mockingbird et la filmographie méconnue de Robert Mulligan, le petit poucet de la distribution s’est résolu à ne sortir qu’un seul film par an. Souvent choisis au coup de cœur, ces films peuvent mettre le modèle économique du distributeur en péril, comme le prouve le relatif échec de Yentl. En dépit de la difficulté à trouver un équilibre économique, la survie des distributeurs de patrimoine repose sur les aides (distribution, restauration) du CNC, soucieux de l’inestimable nécessité de rajeunir les classiques du cinéma.

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