Accréditation

Analyse d’une restauration : "Le Corbeau" d’Henri-Georges Clouzot

Ce jeudi s’est terminé sur un cas pratique qui a analysé sous plusieurs angle la restauration d’un film du grand cinéaste français dans le cadre du Mystère Clouzot. 

Le Corbeau 

Le Corbeau est le 2e film d’Henri-Georges Clouzot, arrivé un an après L’assassin habite au 21. Et en 1943, ce film, produit par la société allemande La Continental Films, a provoqué un énorme scandale dans une France occupée. Il a été perçu par la résistance et la presse communiste de l'époque comme une tentative de dénigrement du peuple français. Pour ces raisons, à la Libération, Clouzot, passé devant un tribunal, a d'abord été banni à vie du métier de réalisateur en France et tandis que le film a été lui aussi interdit après avoir été retiré des écrans quelques semaines après sa sortie. Mais les deux interdictions furent finalement levées en 1947.  

Clouzot étant né en 1907 et mort en 1977, 2017 semblait pour Ghislaine Gracieux, gestionnaire des films du cinéaste, être l’année charnière pour rendre hommage au réalisateur qui, n’avait, jusque lors jamais bénéficié d’une grande rétrospective. Et à travers Ciné Patrimoine Concept, elle a vu les choses en grand. Ainsi Le Mystère Clouzot a vu le jour et prévoit un grand nombre d’évènements autour de l’homme. Outre une forte présence à la Cinémathèque Française, l’année 2017 a été parsemé d’expositions, de concours ou encore de soirées dédiées afin de mettre en place "le dispositif le plus protéiforme possible". L’occasion aussi de pouvoir faire restauré les 12 films d’Henri-Georges Clouzot en 4K, notamment grâce à une aide substantive du CNC. Ce qui n’a pas empêché une vraie prise de risque de la part des producteurs qui ont financé ces dernières à hauteur de 30% en moyenne. 

Mais pour Yann Le Prado, directeur du catalogue StudioCanal, qui sort Le Corbeau, ce risque avait un sens : "Nous avons créé un écrin, un écosystème afin de faire émerger une urgence forte chez les spectateurs. Et l’exploitation internationale possible du film nous a évidemment permis de nous lancer, même si ce film traite de sujet particulièrement français". 

Et comme l’explique Jean-Pierre Boiget, directeur de l’exploitation technique chez Studiocanal, cette restauration, de la prise de décision à la commercialisation, aura pris un an. Pour l’effectuer, les équipes disposaient d’un bon matériel de base : 140 kg de nitrate à fouiller où il ne manquait finalement que quatre bobines. Les négatifs trouvés ont nécessité beaucoup de travail, étant particulièrement vieux et abîmés. Pour combler les quatre bobines manquantes, les équipes d’Eclair, qui a effectué la restauration, ont pu avoir accès à quatre marrons. Ces marrons sont une étape intermédiaire du tirage, il est obtenu, issu du tirage par immersion, après développement. Son rôle est de protéger le négatif d’origine. Ces marrons, en bon état, ont permis de compléter le film. Le son aussi, qui n’est pas toujours facile à traiter dans le cadre de restauration car souvent laisser de côté, budgétairement, au profit de l’image, a pu être restauré au maximum même s’il finalement très différent de nos standards actuels. Pour tout ce travail, Donald Boullet, responsable des expertises de la division restauration chez Eclair, a fait l’apologie de la numérisation qui permet beaucoup de précision et une simultanéité dans les différentes étapes du travail. 

Une copie 35 mm à destination patrimoniale a été tirée mais le film ne sera projeté qu’à partir d’un format DCP. 

 

 

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