Accréditation

Conversation avec la SACD

Remakes, suites; préquels, séquels : d’autres formes d’exploitation pour valoriser un catalogue de droits cinématographiques. 

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Les remakes ne font pas seulement partie du cinéma américain. De nombreuses réadaptations parsèment le cinéma français. L’occasion de faire le point autour d’une rencontre avec la SACD, Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, qui oeuvre notamment pour la défense des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle. Une rencontre modérée par Thomas Baurez, journaliste chez Première. 

Dans le cadre de cette 8ème édition du Marché International du Film Classique (MIFC), la SACD est venu débattre autour de leur fonction dans le cinéma et plus généralement le cinéma de Patrimoine. Animée par Thomas Baurez, journaliste, cette rencontre était composée de Isabelle Meunier-Besin (Responsable du service négociation des contrats de production audiovisuelle, Directrice des Affaires Juridiques et des Contrats Audiovisuel à la SACD), Jean-Paul Salomé (réalisateur et scénariste), Ron Halpern (Directeur acquisition et production internationale pour Studiocanal) et Vincent Roget (Producteur chez Same Player).

Isabelle Meunier-Besin a débuté cette conversion en contextualisant sa venue au MIFC : “C’est là seule table ronde où l’on parle des auteurs. La SACD apprécie particulièrement l’invitation faite par le MIFC. Aujourd’hui, nous voyons qu’il existe une porosité entre les répertoires. Il y a beaucoup de réadaptations ou de remakes entre le cinéma et la télévision. On peut citer, par exemples, L’armée des 12 singes, partant d’un court-métrage de Chris Marker avant d’être remaké en film par Terry Gilliam puis réadapté en série télé, ou encore Fargo des Frères Coen qui ont eux-même produits l’adaptation télévisuelle de leur propre film.” La Responsable du service négociation des contrats de production audiovisuelle, Directrice des Affaires Juridiques et des Contrats Audiovisuel à la SACD a également expliqué que l’univers du jeux vidéo puisait aussi dans le cinéma. Celle-ci a également redéfini le rôle de la SACD dans la vie des auteurs, notamment au niveau de leurs droits juridiques.

Au début des années 2000, Jean-Paul Salomé a réalisé lui-même un remake de Belphégor pour  le cinéma, l’iconique série télévisuelle fantastique française des années 60. Lors de cette conversation avec la SACD, celui-ci est revenu en détail sur cette aventure : “A l’époque, je travaillais avec ma scripte, qui n’est plus là aujourd’hui, Laurence Lemaire, qui n’était autre que la fille de Juliette Gréco.” Pour rappel : l’actrice et chanteuse campait le rôle-titre de la mini-série de 1965. “Avec Laurence, nous parlions souvent de cette série qui nous avait traumatisés enfants. Au début des années 2000, en France, on ne parlait pas trop de remake. Ce n’était pas trop à la mode. La série originale, elle, était déjà une adaptation d’un roman. J’avais trouvé les héritiers des droits de la série et personne n’en faisaient rien”. Le cinéaste raconte qu’à ce moment là, il était plus “facile” d’obtenir les droits d’une oeuvre qu’aujourd’hui. 

En direct sur Zoom, Ron Halpern est quant à lui revenu sur A Bigger Splash, remake de La Piscine de Jacques Deray. Un film emblématique du cinéma de Patrimoine porté notamment par Alain Delon et Romy Schneider. En 2016, la réadaptation de ce classique par le cinéaste italien Luca Guadagnino avait pas mal été étrillé par la critique. Beaucoup reprochaient au film de saborder un chef-d’oeuvre. Ron Halpern tempère : “Si l’on se réfère à de vieux contrats, le terme de ‘remake’ apparaît dès le début des années 40. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. On a toujours fait des adaptations. La Piscine est un film iconique en France mais pas forcément à l’étranger. Parfois on adapte un film pour mettre en lumière le film original qui est trop confidentiel. Comme 10 jours sans maman, avec Frank Dubosc, qui est le remake d’un film argentin pas forcément connu.” Le Directeur acquisition et production internationale pour Studiocanal a précisé avec un sourire que si A Bigger Splash a été mal reçu en France, ce n’a pas été le cas à l’étranger.

En vu de développer le processus d’acquisition de droits, Vincent Roget, producteur chez Same Player, a expliqué qu’il était en ce moment sur un projet de remake de La Traque. Un “obscur film des années 70 incroyable qui réunissait Jean-Pierre Marielle, Philippe Léotard, Jean-Luc Bideau ou encore Mimsy Farmer.” Le producteur a raconté que l’acquisition des droits originaux n’a pas été une affaire très complexe dans la mesure où le film n’est pas très connu du grand public. “Parfois, certains héritiers sont plus difficiles à convaincre, on a l’impression qu’ils se sentent investis d’une mission de protection”, renchérit Vincent Roget. Pour acquérir les droits, le producteur a fait appel à la SACD. Isabelle Meunier-Besin se souvient de ce cas précis, recontextualisant que les acheteurs étaient deux sur le projet, Vincent Roget et “un en provenance des Etats-Unis”. Finalement, le producteur a pu acquérir les droits car son dossier était plus “solide” selon Isabelle Meunier-Besin. La Responsable du service négociation des contrats de production audiovisuelle, Directrice des Affaires Juridiques et des Contrats Audiovisuel à la SACD développe : “Les droits étaient bloqués avec un contrat d’options, comme lorsque les auteurs continuent à garder les droits de leurs oeuvres. Ensuite, la cuisine interne se fait entre les producteurs et la SACD.” Isabelle Meunier-Besin a conclut en revenant sur la définition du droit moral des auteurs. L’une des protections absolue de la propriété intellectuelle en France qui permet aux auteurs originaux d’empêcher qu’on s’empare de leur oeuvre en vu d’en faire des réadaptations.

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