Accréditation

Conversation avec le CNC

Comme le veut la tradition chaque année, le MIFC organise une rencontre entre le CNC et les professionnels pour une conversation à coeur ouvert, agrémentée des derniers chiffres du Centre autour de la filière patrimoine. 

Menée par Florian Krieg, la conversation du CNC réunissait Laurent Cormier du CNC, Vincent Florant du CNC, Sabrina Joutard du Syndicat des catalogues de films de patrimoine, Hugues Peysson de l’Association l’Appel des 85 et Mathias Hautefort du Syndicat des Editeurs de vidéo à la demande. 

Comme à son habitude, cette table ronde a débuté par le bilan du CNC sur le patrimoine, présentée par Cécile Lacoue. 

Globalement, il fallait retenir de l’étude l’intérêt toujours marqué des Français pour les films de patrimoine, et en particulier chez les 18-34 ans. Qu’après une année 2020 favorable aux films de patrimoine en salle, 2021 avait signifié un retour à la situation d’avant crise où le patrimoine représente 30 % de l’offre et 1,4 % des entrées. Ce patrimoine est d’ailleurs particulièrement célébré en télévision où il a vu, après une année 2020 exceptionnelle, son offre 2021 renforcée. Par ailleurs, les films de patrimoine sont de plus en plus consommés en VàDA, où prédominent les films américains en France mais ces mêmes plateformes, à l’étranger permettent la circulation des œuvres françaises. Enfin, ce patrimoine est particulièrement important pour la vidéo physique (avec un rebond des ventes en 2021), mais cette dernière représente désormais moins de ventes en volume qu’en TVOD/EST. Pour plus de détails, veuillez retrouver l’étude complète en cliquant juste ici. 

S’en est suivie une discussion franche entre Sabrina Joutard, Hugues Peysson et Mathias Hautefort avec le CNC représenté par Laurent Cormier et Vincent Florant. La première a pris la parole en appelant une refonte totale de la chaîne de conservation, à prendre en compte dès la post-production des films frais, les cataloguistes se retrouvant bien trop souvent avec un trop plein de matériel au moment du stockage des oeuvres. Or, comme l’a rappelé Sabrina Joutard, 1 To coûte 1 500€ par an et par film. En moyenne, un film en 2K représente quelques 5 To. Et tous les films ne font pas de recettes, donc c’est un coût difficile à supporter pour les catalogues. Elle a également rappeler que depuis 2018, pour obtenir l’agrément, il était nécessaire de présenter un contrat de stockage d’au moins 5 ans. Maintenant que ces 5 ans arrivent à échéance en 2023, elle se demande ce qu’il va advenir de ces films qui ne sont plus sous contrats si ces derniers ne sont pas renouvelés à temps. 

Sensible à ces remarques, Laurent Cormier a précisé qu’il était important que les ayants-droits s’en emparent pour commencer à le traiter, ce qui est désormais le cas. Des « états généraux  de la conservation aussi bien photochimiques que numériques » sont à l’ordre du jour, en particulier dans "un contexte d'obligation juridique d'exploitation suivie. Les producteurs ont des contraintes par le code de la propriété intellectuelle sur la bonne conservation des éléments » précise-t-il. Une réunion concrète avec les cataloguistes mais aussi les auteurs est donc à mettre en place selon lui. Elle abordera également la douloureuse question du bilan carbone. 

De son côté, Hugues Peysson est rapidement revenu sur le bilan du CNC sur le patrimoine, précisant que plus 110 000 références vidéo étaient actuellement recensées et qu’on avait tendance à oublier les médiathèques et le marché de l’échange. Cependant, il a souligné l’effort du CNC qui soutient chaque année 500 titres sur 3 000 oeuvres référencées en édition physique. Mais malgré une certaine reprise du marché après une année 2020 très difficile, l’édition vidéo fait de nouveau face à de nombreuses difficultés: les nouvelles technologies, qui impliquent une hausse des dépenses des éditeurs afin de s'adapter, et une hausse de 40% du coût des matières premières.

Un modèle économique est donc de plus en plus compliqué à trouver. "Aujourd'hui, nous avons un prix moyen que nous ne pouvons pas dépasser. Nous ne pouvons pas répercuter la totalité des coûts de production sur le consommateur. Nous nous retrouvons dans les problématiques évoquées par les cataloguistes : stocker des fichiers de plus en plus lourds et faire face à une évolution technologique (4K, HDR). »

Des interrogations auxquelles Vincent Florant à apporter une réponse en demi-teinte précisant que face à la hausse des matières premières, les aides gouvernementales avec le dispositif PGE Résilience et les prêts à taux bonifié en cette époque spécifique pouvaient être une partie de la réponse mais que le CNC ne pouvait pas créer de nouvelles aides, ce dernier évoluant sur ressources constantes. Habiller Paul, reviendrait à déshabiller Jacques. Hugues Peysson, de son côté, espère juste que l’aide mise en place depuis 2021 se pérennise à défaut de doubler. 

Enfin, c’est Mathias Hautefort, président du Sevad (Syndicat des Editeurs de vidéo à la demande) qui est intervenu et pour qui c’est la première participation au MIFC. Il a commencé par présenter son syndicat qui ne représente que les plateformes de VàD françaises. Ces dernières, après une période compliquée suite à l’absence de films en salles, voient leur croissance repartir à la hausse. Une hausse qui bénéficie d’ailleurs au cinéma français puisque les plateformes reversent quelques 50 millions d’euros par an. 

Pour ce dernier, l’un des axes majeurs pour les années à venir est l’éco-responsabilité. Ainsi, proposent-ils aux abonnés des plateformes, qu'il dirige, de pouvoir réduire leur bande-passante lors d'un visionnage et ainsi réduire leur empreinte carbone. Par ailleurs, Mathias Hautefort appelle à la protection des plateformes françaises face à leurs homologues américains « pour la diversité » qui a toujours joué en faveur des ayants-droits selon lui. Pour cela, il souhaiterait voir l’aide automatique du CNC pas seulement réservée au films de moins de 8 ans et améliorer le référencement de l’outil du CNC qui référence les plateformes de VàD françaises en priorité. « Cet outil est une véritable campagne marketing pour les films français et européens », indique Vincent Florant, allant dans son sens, ajoutant qu'il s'agit d'un des atouts efficaces pour lutter contre le piratage. 

Un piratage qui continue d’être le fléau de l’ensemble des panélistes de la table ronde, Hugues Peysson ajoutant que l’on était toujours dans un système trop permissif à l’égard de ce type de pratique. 

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