Accréditation

Conversation avec le CNC

Comme chaque année, le MIFC est le théâtre d’une rencontre entre le CNC et les représentants de différents corps de métier du cinéma de patrimoine pour une discussion à bâtons rompus sur les problématiques du secteur. Cette table ronde, modérée par Florian Krieg, journaliste au Film Français, rassemblait Laurent Cormier (directeur de la Direction du Patrimoine Cinématographique, Centre National du Cinéma et de l’image animée [CNC]), Pauline Augrain (directrice du numérique, Centre National du Cinéma et de l’image animée [CNC]), Sabrina Joutard (présidente, Syndicat des Catalogues de Films de Patrimoine [SCFP]), Hugues Peysson (trésorier, Association L’Appel des 85), Mathias Hautefort (président, Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande [SEVAD]).

Comme à son habitude, cette conversation commence tout d’abord par un bilan, présenté par Cécile Lacoue (directrice des études des statistiques et de la prospective, Centre national du cinéma et de l’image animée [CNC]), sur l’année passée pour le secteur du patrimoine. Parmi les points clés à retenir, on note un réel regain d’intérêt en salles pour les films de plus de 20 ans, qui ont réuni quelques 2,95 millions de spectateurs, soit un niveau pré-pandémie. On notera aussi que le cinéma de patrimoine est toujours très bien représenté dans le domaine de la vidéo physique et que sa présence dans le secteur de la VàDA est aussi en hausse, même si cette augmentation a tendance à se tasser. Enfin, le patrimoine français, s’il peine un peu à être représenté sur les plateformes, cartonne à la télévision. 

Pour découvrir l’étude complète, vous pouvez cliquer ici. 

Une aide à la restauration et à la numérisation qui doit être repensée

Dans un second temps, c’est Sabrina Joutard, présidente, Syndicat des Catalogues de Films de Patrimoine qui a pris la parole pour demander une augmentation, voire une redéfinition de l’aide à la restauration et à la numérisation des oeuvres de patrimoine. L’un des enjeux essentiels? Le coût de la conservation, qui « étrangle les indépendants » illustre-t-elle. Elle a également suggéré que le contrat de stockage de 5 ans, obligatoire pour obtenir l’agrément, était bien insuffisant et que l’arrivée prochaine de la norme CPP, qui prend en compte notamment la préservation des oeuvres et du matériel lié à ces dernières, devait elle aussi entrer dans l’agrément. En réponse, Laurent Cormier, directeur de la Direction du Patrimoine Cinématographique au CNC, a précisé que l’aide originale était due, en partie, à un surplus de taxes et que désormais l’enveloppe était vide et que cette aide était passée sur le compte de soutien. Selon lui, si des solutions sont à trouver pour régler les soucis de conservation, le CNC, lui, ne pourra pas vraiment aller plus loin en matière d’aides. 

En matière de matériel disponible pour la restauration, Sabrina Joutard a ajouté qu’il était parfois difficile de remettre la main dessus, en plus de la difficulté des renouvellements de droits, mais qu’une des solutions pour l’avenir serait peut-être, pour les coproductions, d’avoir un set d’éléments sources préservé en territoire européen dans l’optique d’une ambition culturelle européenne forte. 

Des aides spécifiques pour la vidéo physique 

Après avoir rappelé que le support physique était le lieu de la diversité cinématographique, Hugues Peysson, trésorier, Association L’Appel des 85, a également plaider la cause des éditeurs sur deux plans principaux. Le premier ? Les coûts de fabrication : alors que le prix des matières premières est en pleine inflation et que les éditeurs prennent en charge trois formats (le DVD, le Blu-Ray et l’UHD), les coûts de fabrication explose. Le deuxième? Les boutiques spécialisées. Qu’il s’agisse de Potemkine, de Malavida ou autres, certains éditeurs possèdent des boutiques spécialisées, en solide et/ou en ligne. Et alors que les plateformes et les salles sont soutenues, Hugues Peysson demande qu’il en soit de même pour ces boutiques. 

Une ouverture de l’aide automatique très bien perçue, mais pas suffisante

Après que Sabrina Joutard a rappelé qu’il était parfois difficile de mettre à disposition certains titres de catalogue pour des raisons techniques ou de droits, Mathias Hautefort, président, Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande, a précisé que le patrimoine représentait quand même 5 000 films sur les plateformes françaises et que 400 films par an étaient mathématiquement ajoutés, ce qui ne faisaient qu’améliorer la présence de ce cinéma au sein de la VàDA. Il a par ailleurs loué l’apport assuré, notamment en matière de marketing pour la mise en avant de ces oeuvres de patrimoine, par la réforme de l’aide automatique à la diffusion en vidéo à la demande qui, depuis janvier 2023, s’est « étendu à l’ensemble des œuvres agréées par le CNC et de patrimoine français ». Cependant, il note que l’arrivée massive et prochaine de films classiques sur les plateformes françaises, qui ne bénéficient pas toutes des mêmes moyens que celles des GAFA, va entrainer un surcout technique important. Il prend comme base de calcul que la digitalisation d’un film coûte 1 000€ à la plateforme. Il demande donc la mise en place d’une aide pour les aider à gérer ces dépenses nécessaires. Mathias Hautefort a suggéré enfin que les plus petites plateformes, celles qui font moins de 5 millions de chiffres d’affaire par an, soient exonérées de la taxe de 5%. 

Pauline Augrain, nouvelle directrice du numérique au CNC, a par ailleurs insisté sur le développement de l’aide à l’innovation, qui pourrait bénéficier à l’ensemble de la filière. Et a également précisé que quatre nouveaux acteurs ont pu bénéficier de l’aide automatique à la diffusion en vidéo à la demande grâce à l’ouverture de janvier : l’INA madelen, Benshi, La Cinetek et Gaumont Classique. 

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