Accréditation

Conversation avec le CNC

Le CNC est au centre des discussions de cette 8ème édition du Marché International du Film Classique. L’occasion de revenir sur leurs actions pour le cinéma de Patrimoine lors d’une conversation animée par Laurent Cotillon, Directeur exécutif du Film Français.

 

Mercredi 14 octobre 2020, 16h30, salle Karbone. Après une table ronde concernant l’évolution de l’écosystème de la filière de Patrimoine, le CNC (Centre National de la Cinématographie) a été le sujet d’une discussion afin de prolonger le débat autour du cinéma de Patrimoine dans sa globalité. Lors de cette nouvelle rencontre, nous retrouvons Benoît Danard (Directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC), Vincent Florant (Directeur du Numérique du CNC), Laurent Cormier (Directeur de la Direction du Patrimoine Cinématographie du CNC), Jean-Fabrice Janaudy (Gérant de la société de distribution Les Acacias) et Sabrina Joutard (Co-secrétaire du SCFP, Directrice Adjointe Catalogue de Pathé).

En guise d’ouverture, Benoît Danard a proposé une étude fournie sur la consommation du cinéma de Patrimoine. Des chiffres éloquents d’une étude de marché disponible en intégralité sur le site internet officiel du CNC (que vous pouvez retrouver en cliquant ici). On retiendra notamment que 93% des spectateurs qui consomment du cinéma en salles consomment également du cinéma de Patrimoine. En outre, selon les chiffres du Directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC, les raisons d’achats de supports physiques, tels que le DVD, correspondraient à 34% de personnes voulant revoir un film de Patrimoine l’ayant vu en salles ou à la télévision. 29% des personnes interrogées ont aussi reconnu vouloir posséder l’objet dans le but d’une collection. Un pourcentage symbolique qui corrobore l’appétence expliquée lors d’autres conférences du MIFC où les éditeurs vidéo affirmaient que le support physique devenait peu à peu un bel objet de collection. Benoît Danard relève également que “les séances de films de Patrimoine sont plus performantes que les séances de films inédits.” Ceci peut être expliqué selon lui par le fait que les séances de films de Patrimoine sont moins nombreuses et qu’il y a un gros travail de communication autour de ces sorties par les salles d’Art et Essai. Autre chiffre édifiant dans l’étude de Benoît Danard : Netflix posséderait dans son catalogue 54% de films de Patrimoine contre 76% pour Disney. Cette étude comparative tend à prouver que les plateformes dématérialisées s’intéressent elles-aussi au cinéma de Patrimoine, même si la définition d’un film de Patrimoine a encore été remise en question lors de cette discussion. Une question épineuse : à partir de quel moment un film peut-il être considéré de Patrimoine ? Le CNC répond entre 10 et 20 ans depuis sa sortie. Un choix cornélien qui implique de nombreux facteurs comme l’époque à laquelle le film a été réalisé ou l’avancée technique qu’il apporte au cinéma. Si l’on a appris plus tôt dans la matinée du 14 octobre 2020, lors de la table ronde autour de la filière du Patrimoine en mutation, que l’âge des spectateurs dans les salles françaises reculait sans cesse, le Directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC pointe du doigt la différence entre les téléspectateurs et les “SVODistes”. En effet, l’âge moyen d’un spectateur est de 54 ans contre 34 pour les consommateurs de SVOD. Un fossé qui peut s’expliquer par l’approche différente des nouvelles technologies dû à un fossé générationnel.

Malgré le débat sur l’âge d’un film de Patrimoine, Laurent Cormier a tenu à recontextualiser à nouveau la définition du film de Patrimoine. Jean-Fabrice Janaudy a tenu à apporter une précision : “On ne parle pas tous de la même chose. Certains films ont clairement un enjeux alors que d’autre non. L’un des enjeux est de savoir comment le CNC soutient les petits films puis comment les éditeurs s’occupent de leurs éditorialisations par la suite.” Vincent Florant a recontextualisé le travail du CNC depuis une cinquantaine d’années dans le cinéma de Patrimoine, évoquant entre autres des mouvements stratégiques qui ont été renforcés et accélérés pendant la crise du Covid-19 pour pérenniser la sauvegarde des films de Patrimoine. Notamment au niveau du support physique dont l’importance est primordiale dans la diffusion des films classiques. “Nous avons une volonté plus structurelle dans la distribution [du cinéma de Patrimoine]”, affirme le Directeur du Numérique du CNC. “Avoir un bon catalogue permet de toucher un public plus large, de développer un aspect marketing. Aujourd’hui, il faut exister dans un océan de choix et de possibilité.” Vincent Florant a également pointé du doigt un problème crucial, selon lui : certains titre de cinéma de Patrimoine Français ne seraient pas disponibles en SVOD par chez nous a contrario des États-Unis (via Amazon, Criterion, HBO Max). Un argument qui a été légèrement rectifié par Sabrina Joutard ainsi que Vincent Paul-Boncour, Cofondateur et Directeur de Carlotta Film, présent dans l’assemblée lors de cette discussion avec le CNC. Sabrina Joutard, Co-secrétaire du SCFP, Directrice Adjointe Catalogue de Pathé, est, quant à elle, revenue sur les baisses drastiques des aides du CNC tout en expliquant qu’il fallait que les formats physiques et dématérialisés trouvent un terrain d’entente pour coexister. “L’Appel des 85 est une initiative formidable”, raconte Sabrina Joutard. “Mais il faut arrêter d’opposer les différents médias et trouver des solutions de cohabitation. Il faut aussi croire dans l’appétence du public, regardez les vinyles aux Etats-Unis… C’est la première fois en 30 ans que les ventes dépassent celles des CD. Nous sommes, de nôtre côté, sur un marché en pleine mutation et nous avons besoin d’argent pour numériser nos oeuvres.” La Co-secrétaire du SCFP, Directrice Adjointe Catalogue de Pathé a néanmoins salué l’aide du CNC depuis deux ans et remercié Laurent Cormier pour sa proposition d’intervenir à ses côtés sur cette discussion organisée par le MIFC.

Laurent Cormier : “Il faut rappeler que nous avions un budget assez conséquent jusqu’à présent mais que nous avons dû réduire pour des raisons de capacités financières. C’est une réserve constituée par le CNC à l’époque où l’on a encaissé des taxes qui fonctionnaient très bien. Le gouvernement nous a demandé de réduire le taux de ces taxes et de plafonner leur rentabilité. On a consommé cette réserve, et aujourd’hui, comme le disait Olivier Henrard ce matin, le CNC finance le plan de numérisation non plus sur une réserve mais bien sur ses fonds propres.” Vincent Florant a conclu en réaffirmant les grands objectifs stratégiques que CNC, plus particulièrement le soutien à la vidéo qui a besoin d’être légèrement adapté pour mieux correspondre aux attentes des éditeurs. “Nous n’avons pas attendus 2021 pour le faire. Nous l’avons fait à l’occasion des mesures attendues par la filière Patrimoine pendant la crise, notamment en travaillant avec les éditeurs vidéo.” 

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