Accréditation

Entre financement des restaurations et enjeux de diffusion

Ce mercredi 19 octobre se tenait la table ronde Entre financement des restaurations et enjeux de diffusion, quelle complémentarité entre actions publiques et initiatives privées? animée par Florian Krieg du Film Français. Elle accueillait Gian Luca Farinelli, directeur de la Cineteca di Bologna), Sophie Seydoux, présidente de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, Olivier Snanoudj Senior Vice President Distribution cinéma chez Warner Bros et président du Syndicat Franco-Américain du Cinéma et président-adjoint du Fédération Nationale des Distributeurs de Films, Arike Oke, directrice exécutive savoir et collections au BFI et Elodie Drouard conseillère de programme cinéma de France Télévisions.

Dans un premier temps, un tour de table a permis de faire le point sur les fonctionnements des différentes sociétés, fondations ou organisations. Ainsi Sophie Seydoux a expliqué que Pathé et la fondation Seydoux-Pathé avaient chacun leur modèle économique pour les restaurations. Ainsi, Pathé, qui possède quelques 1 000 films dans son catalogue, bénéficie de 22% d’aides publiques tandis que la Fondation et ses 9 000 titres (dont 3 000 sont réellement accessibles) ne survit majoritairement pour ses restaurations que grâce aux aides publiques. Elle a donné la rare exception du film La Roue d’Abel Gance qui a bénéficié de la collaboration de plusieurs acteurs comme le CNC, Arte, la cinémathèque française et la cinémathèque de Lausanne. 

De son côté, Arike Oke a rappelé les trois rôles du BFI : une organisation caritative culturelle, un distributeur de la Loterie nationale et la principale organisation du Royaume-Uni pour le cinéma et l'image en mouvement. Du côté des archives, le BFI bénéficie à 40% d’aides de l’état (dont une partie vient de la lottery nationale), de fonds fiduciaires privés, de fondations et d’une part donnée par l’Ofcom, l’équivalent britannique de l’Arcom. Pour le moment le BFI travaille sur environ 600 titres (de toutes durées) à restaurer et/ou numériser d’ici 2024. Ces restaurations sont en partie financer par la Film Foundation et du mécénat. Comme l’a souligné Arike Oke, la difficulté que rencontre le BFI est l’instabilité politique du pays qui a donné quelques 11 ministres de la culture en 10 ans. Même si le British Institute reste très actif auprès du gouvernement, il n’en reste pas moins soumis à cette instabilité.  

En parlant d’instabilité politique, c’est Gian Luca Farinelli qui a pris le relais expliquant la difficulté pour l’Italie d’avoir un bon ministre de la culture car il semble qu’il s’agisse d’un poste peu désiré localement. Or, depuis 9 ans, le pays avait connu un ministre enthousiaste dans ce rôle qui a permis notamment la création d’aides à la restauration pour le cinéma de patrimoine. Sauf que depuis les élections, l’incertitude est totale pour le pays et pour la Cineteca en particulier. Mais Gian Luca Farinelli a expliqué que les laboratoires de L’immagine ritrovata restauraient quelques 80 films par an. Si les apports publiques sont importants, les apports privés sont essentiels et couvrent environ 1/3 des coûts. Or le problème en Italie, selon Gian Luca, est l’inaction des ayant-droits qui ne mettent aucun fond ou presque dans ces restaurations et la Cineteca est obligé de compter sur le mécénat issu de la Film Foundation ou de la Fondation Seydoux-Pathé. Et si le marché du patrimoine en Italie n’est pas particulièrement développé, le directeur de la Cineteca di Bologna espère que le développement du numérique va faire bouger les choses. 

Selon Olivier Snanoudj, la Warner est active sur les restauration. Et cela est dû à une forte volonté de l’équipe mais aussi à une quête économique, la société ne faisant pas vraiment dans le mécénat. Chaque semaine, des exploitants demandent à avoir accès à des films de catalogue, Warner comprenant, en plus des films Warner, les catalogues de MGM et de RKO. Et certains de ces films sont particulièrement populaires. Une restauration est alors particulièrement envisagée dans le but d’une ressortie (en salles et en DVD/blu-ray/4K) qui permet de donner une seconde vie à ces oeuvres, qui deviennent alors des événements. Ce fut le cas, notamment, de la restauration de 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, menée par Christopher Nolan. La télévision joue aussi un grand rôle dans le financement de ces restaurations, car elles sont demandeuses, et bientôt, selon Olivier Snanoudj, les plateformes devraient être tout aussi importantes. 

Ce que confirme Elodie Drouard qui précise tout de même que ce sont plutôt les distributeurs qui préviennent les chaines de projets de restauration en cours pour voir si elles sont intéressées ou non par une éventuelle diffusion. La conseillère de programmes cinéma de France Télévisions précise que le groupe diffuse du patrimoine depuis les années 1970, notamment grâce à des émissions cultes comme le cinéma de minuit, et que la volonté est maintenant de continuer cette tradition notamment sur la plateforme france.tv dont la programmation est décorrélée du linéaire. La difficulté pour cette plateforme? Rajeunir le public qui est le même que celui qui regarde du cinéma à la télévision. 

Ensuite, ils ont ensemble précisé l’importance d’aller vers le jeune public pour lui faire découvrir le cinéma, l’éduquer au cinéma et surtout au langage de l’image. Arike Oke précisant que c’était difficile à faire en Angleterre, ce genre d’expérience et de programme n’étant pas franchement soutenu à un niveau gouvernemental. Cependant, tous et toutes autour de la table, ont bien compris que l’on attirait pas les mouches avec du vinaigre et que la manière d’amener un public jeune vers le cinéma était bien de l’accrocher avec des films qu’ils aiment et de faire l’effort de connaître leurs codes. 

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