Accréditation

ENTRETIEN AVEC - Anna Marsh

Pour clôturer sa 12e édition, le Marché International du Film Classique recevait Anna Marsh, directrice générale de Studiocanal et directrice générale adjointe de Canal+, pour un entretien inédit sur le catalogue Studiocanal. Une présentation modérée par la journaliste Perrine Quennesson.

Une carrière florissante

Grande amoureuse de la France, qu’elle a rejointe il y a vingt ans pour terminer ses études, mais aussi par passion pour l’histoire culturelle française et notamment son cinéma, dont elle est très admirative depuis sa découverte du Delicatessen de Marc Caro et de Jean-Pierre Jeunet, Anna Marsh commence sa carrière en 2002 chez Tele Images productions avant de rejoindre en 2008 Studiocanal, dans l’équipe des ventes internationales. Elle a depuis gravi les échelons, jusqu’à devenir en 2019 directrice générale de Studiocanal. Elle est également entrée à la direction générale de Canal+ en tant qu’adjointe. 

Devant le public du MIFC, elle confie être très fière du travail des quelque 600 salariés de Studiocanal, qui s’occupent en cohésion des 80 nouveaux films qui sont produits et distribués chaque année par Studiocanal, ainsi que des 20 séries par an. En tout, 200 millions sont investis dans la production chaque année.

Un catalogue Studiocanal fourni

Du côté du patrimoine, 9 000 titres composent le catalogue classique de Studiocanal. Un catalogue qui a quasiment doublé en 20 ans, Anna Marsh racontant qu’à son arrivée il comprenait 4 000 titres de moins. Le patrimoine fait partie de l’ADN de la société, voyant dans la filière classique un guide pour la cinématographie contemporaine, et n’hésitant pas à y investir plus de 20 millions d’euros.

Le catalogue couvre 100 ans de cinéma sur 60 pays. La cinématographie française est bien sûr très présente, même si elle est minoritaire par rapport aux britanniques et aux américaines en termes de nombre d'œuvres. Un catalogue polonais complète aussi les titres acquis par Studiocanal au fil des ans, ainsi qu’une filmographie des Pays-Bas. 

Les acquisitions ont commencé en 1994, avec le catalogue DEG, puis celui d’UGC en 1996. Il a connu un tournant en 1999 avec ZoeTrope Films et Working Title pour la production et la distribution. Kinowelt en 2008, ouvrant une fenêtre sur l’Allemagne. Depuis, les acquisitions n’ont pas cessé, et perdurent : Anna Marsh a soufflé qu’un nouvel accord serait bientôt annoncé. “J’essaye de faire du cinéma”, s’est amusée Anna Marsh, assurant que le mystère serait levé durant le MIPCOM.

Les différentes stratégies de Studiocanal

Un catalogue fourni, qu’il convient de faire vivre à sa juste valeur. Cela passe par des équipes installées dans le monde entier, pour instaurer de la proximité et améliorer leurs choix BtoB et BtoC. 

Un travail de ressorti qui est aussi très important, avec des sorties en salles pensées comme pour des “films frais”, pour rendre hommage aux films et les accompagner au mieux. Il passe par de l’événementalisation ciblé, pour une quinzaine de titres par an, sur des œuvres qui n’auraient pas connu le succès qu’elles méritent à leur sortie originale. C’est notamment le cas de La Piscine aux États-Unis qui a été un énorme succès en salles. Le troisième homme a également connu une belle carrière, avec toujours des programmations aux États-Unis. 

Des anniversaires, ainsi que des sorties UHD et TV accompagnent les ressorties des titres classiques, ainsi que le zeitgeist : le public se passionnant pour le true crime et les mystères, Studiocanal propose donc une collection Agatha Christie avec un marketing repensé, modernisé par rapport aux éléments d’origine. 

Sur le marketing, il est important pour Anna Marsh de faire travailler ensemble les différentes équipes des droits des œuvres, et de ne pas en laisser “sur les étagères”. Pour cela, tous les services sont sollicités. Pour Terminator II et Rambo, ce sont des personnages de jeux vidéo qui ont été créés, tandis que pour Evil Dead II c’est un jeu complet qui a accompagné la ressortie du film. Les droits musicaux et le merchandising sont aussi des parts importantes du travail de marketing de Studiocanal, ainsi que les expériences musicales, qui sont des demandes du public. Ainsi, la marque prépare une comédie musicale sur l’univers de Paddington, dont le troisième titre sort bientôt au Royaume-Uni, avant une arrivée en février sur le sol français.

Du côté des chaînes de télévision et des plateformes en ligne, un vrai travail de curation est proposé, pour que les films de patrimoine ne perdent pas leur visibilité. Un travail approfondi avec le lancement d’une plateforme en Allemagne et au Royaume-Uni, Studiocanal Presents !, qui propose à ses utilisateurs une sélection inédite chaque mois. 

Anna Marsh, pendant son entretien, a tenu à souligner le travail des laboratoires, ainsi que celui de ses équipes juridiques, qui font un véritable travail de “spéléologie” pour parfaire les contrats et récupérer les droits des films. 

Quel avenir pour Studiocanal ?

À propos de l’avenir de l’entreprise, Anna Marsh est très positive, teasant un futur accord ainsi que de nombreuses futures productions de remakes, dont un remake chinois de La famille Bélier.

La directrice générale souhaite aussi mettre en avant le documentaire, qui pour elle rend le cinéma de patrimoine plus accessible.

Enfin, le catalogue continue de grandir, avec l’acquisition du long métrage Les enfants terribles, qui complète la collection déjà fournie des titres de Jean-Pierre Melville.

À titre personnel, elle est récompensée ce vendredi du prix Vonier du Festival Lumière qui honore chaque année une femme du secteur du cinéma. Une “surprise” pour elle, mais aussi l’accomplissement d’un travail qu’elle veut “collectif” car il n’aurait pas été possible sans l’ensemble des salariés de Sudiocanal.

Enfin, elle conclut en ajoutant qu’il faut se battre pour que les cases de cinéma restent ouvertes, et redonner envie au public de vivre l’expérience du cinéma dans les salles.

 

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