Accréditation

Étude de cas Suède - Bergman et après ? L’actualité du patrimoine en Suède

Pays invité de la onzième édition du Marché International du Film Classique, la Suède a été passée au crible d’une étude de cas le mercredi 18 octobre. Un temps laissé à Danial Brännström, Rickard Gramfors et Agneta Perman, guidés par Camille Blot-Wellens, pour faire état de l’actualité du patrimoine dans le pays d’origine d’Ingmar Bergman.

 

Les origines du patrimoine suédois

En introduction, Camille Blot-Wellens a tenu à revenir aux origines du patrimoine suédois. Historienne du cinéma, archiviste et restauratrice indépendante, elle a daté en octobre 1933 le début du mouvement de création des archives en Suède. Éclectique, subsistant grâce à des fonds municipaux ou privés, il s’est institutionnalisé en 1963, avec la création de l’Institut du film suédois (Swedish Film Institute). Ce dernier bénéficie de subventions étatiques, et a absorbé les collections en 1964.

Elle a également évoqué le travail des réalisateurs canoniques du pays, s’étant énormément investi dans le mouvement de création des archives en Suède. Camille Blot-Wellens a par exemple cité la création de la Fondation Ingmar Bergman en 2002.

En 2012, le passage au numérique marque un tournant dans la distribution, avec la disparition presque totale des projecteurs analogiques. L’institut suédois du film finance alors, avec l’aide de l’État, un laboratoire du numérique pour permettre la numérisation et la conservation des œuvres de ses archives.

 

Un patrimoine fragmenté

La table ronde portant sur l’actualité du patrimoine suédois au-delà du cinéma de Bergman, l’importance du cadrage de ce patrimoine s’est très vite imposée. Est alors apparu un patrimoine divers, composé de films jugés « classiques » par Rickard Gamfors, de Cultpix, et des films de genre.  

Des archives non filmiques, comme des publicités, composent aussi l’héritage cinématographique suédois, collectées par l’Institut du film suédois, incarné durant cette étude de cas par Danial Brännström. 

S’ajoutent également des archives patrimoniales récentes, composées de premiers films numériques, même si près de 40% des œuvres numériques ont disparu depuis leur création.

 

L’héritage de Bergman est encore très présent

Si la discussion devait dépasser les frontières de la cinéphilie d’Ingmar Bergman, l’influence de son héritage sur le patrimoine suédois reste tout de même indéniable. Danial Brännström explique ainsi que le centenaire de la naissance du cinéaste a été bénéfique pour l’Institut du film suédois. Ce sont 7700 projections qui ont été organisées dans 82 pays, dont des territoires avec lesquels l’institution n’avait jamais collaboré, ce qui a permis de renouveler le réseau de contacts. 

Cet anniversaire a demandé à l’Institut de prioriser les œuvres du réalisateur quant à leur restauration, ce qui a pu jeter un voile sur le reste du patrimoine national. Depuis, le responsable assure que l’entité se tourne vers de nouveaux artistes.

En outre, cet événement a été l’occasion pour des spectateurs étrangers de s’intéresser au reste du patrimoine suédois, dépassant de ce fait les limites du cinéma de Bergman.

 

Les acteurs de la restauration en Suède

Du côté des acteurs du patrimoine, l’État se place en premier investisseur du cinéma classique, avec un budget de 8 millions d’euros attribué à l’Institut du film suédois. Une dotation stable depuis plusieurs années, qui ne prend cependant pas en compte la hausse des coûts causée par l’inflation, explique Danial Brännström. Un support nécessaire, pour le responsable de l’Institut.

Celui-ci est un autre grand acteur du patrimoine national, tant pour son travail d’archive que ses engagements : ses piliers sont le financement du cinéma, l’aide aux salles et l’investissement dans les lieux de projection que sont les cinémas. « Il arrive un moment où des choses courantes deviennent du patrimoine », et les salles en font partie, pour Danial Brännström. L’Institut a par ailleurs lancé, avec l’aide de l’État, la création d’un laboratoire du numérique, pour conserver au mieux les œuvres de sa collection.

Les plateformes et la télévision sont aussi très bénéfiques à l’exportation et la découverte du patrimoine suédois. Cultpix permet par exemple de découvrir près de 1200 films de genre, déclare Rickard Gramfors, tandis qu’Agneta Perman évoque la programmation de la SVT International. Sur cette chaîne sont passés des films classiques, malgré une charte de diffusion stricte.

 

Les enjeux de la diffusion

Si l’héritage cinématographique suédois avance et sort petit à petit de l’ombre d’Ingmar Bergman, de nombreux enjeux persistent, et en particulier celui de la diffusion du cinéma de patrimoine. Un enjeu concernant les salles, avec des lieux de projection en difficulté, les avancées technologiques empêchant de faire durer dans le temps certaines copies.

La VOD se place alors en contrepoids, offrant la possibilité de diffuser des œuvres méconnues au plus grand nombre. C’est le cas de Cultpix, qui organise notamment des semaines thématiques, et qui propose à ses abonnés de découvrir des films de niches, moins populaires, du cinéma suédois. 

Enfin la télévision se présente comme une solution au problème de la diffusion des films de patrimoine. Agneta Perman explique par exemple l’évolution de la programmation au fil des années. Quand elle a commencé à SVT, les films programmés dataient des années 1930 ou 1940, car ils répondaient aux interdits de la diffusion audiovisuelle. Ils étaient diffusés l’après-midi. Depuis, les films sont programmés le matin, et si SVT aimerait passer des titres plus contemporains, datant des années 1960, 1970 ou 1980, ils ne correspondent pas autant à la charte de diffusion à laquelle se plie le secteur audiovisuel. Une difficulté à dépasser pour continuer de programmer du cinéma classique à la télévision.

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