Accréditation

Focus pays invité : La Suisse, une filière du patrimoine plurielle et dynamique

En début d’après-midi de cette 2e journée, le MIFC avait organisé une table ronde autour du pays invité, la Suisse, sur la pluralité et le dynamisme de son patrimoine. 
 Table Ronde 3

Autour de Stéphane Gobbo, chef de rubrique Culture + Le Temps Week-end, étaient réunis Florian Leupin, chef de projet chez Filmo, Pierre-Adrian Irlé, chef de projet chez SRG SSR, Marcel Müller, Consultant Film, Programmes & VOD chez Swiss films, Félix Hächler, directeur général de Filmcoopi, Alfio Di Guardo, directeur-adjoint des Cinéma du Grütli, Gérard Ruey, président de l’association Alain Tanner, Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque Suisse et Daria Voumard, Locarno Pro Industry manager au Locarno Film Festival. 

Pour débuter cette table ronde, Frédéric Maire a adressé les particularités du patrimoine cinématographique suisse. Selon lui, pour reprendre une formule de l’artiste suisse Ben, « Le cinéma suisse n’existe pas ». Une boutade pour expliquer la particularité d’une industrie soumise à la situation du pays, où les 26 cantons qui le compose sont divisés en quatre langues : le français (Suisse romande), l’italien (Suisse italienne), l’allemand (Suisse alémanique) et le romanche. C’est aussi un cinéma peu connu et peu identifié, à l’exception de quelques figures comme Alain Tanner ou Michel Soutter, à la diffusion relativement aléatoire, très tourné vers les coproductions européennes. Le directeur de la Cinémathèque Suisse précise que la mission de cette dernière est bien de préserver ce patrimoine suisse mais aussi de le numériser et de le restaurer, mais pas seulement. En effet, elle possède l’une des plus grandes collections mondiales qui lui permet de nombreuses collaborations avec l’étranger, donnant pour exemple, le rôle prépondérent de la Cinémathèque à la restauration récente de La Roue d’Abel Gance. 

Malgré un intérêt tardif de la Confédération pour son héritage cinématographique, de nombreuses initiatives ont émergé, et continue  à émerger, pour developper la connaissance et la diffusion de ce patrimoine riche et diversifié. Le festival de Locarno a, par exemple, profité du 1er confinement pour mettre en place sa plateforme Heritage Online (à laquelle les accrédités MIFC ont accès gratuitement pendant 1 an) pour faciliter la distribution des films de patrimoine, notamment sur les supports VoD. Cliquez ici pour en savoir plus. Deux plateformes suisses étaient également présentes. La première Play Suisse, plateforme de streaming créée par la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision) a pour objectif de réunir les coproductions et productions de la SSR gratuitement, au-delà de toute barrière linguistique puisque chaque séries, documentaires ou autres est traduit pour être accessible au-delà de sa région suisse d’origine. De son côté, Filmo, initiative du Festival du film de Soleure, rendue possible par le Migros Pioneer Fund, met en scène le cinéma suisse à travers les recommandations d’experts indépendants. Les films sélectionnés sont publiés sous le label filmo sur les fournisseurs de streaming suisses établis, dans trois langues nationales et dans la meilleure qualité possible.

Du côté des salles de cinéma, le distributeur Felix Hächler et l’exploitant Alfio Di Guardo, directeur-adjoint des Cinéma du Grütli, qui possède deux salles à Genève, font du cinéma de patrimoine, suisse et étranger, une spécialité. Et selon leur expérience, celui-ci est très populaire en Suisse, Alfio Di Guardo expliquant notamment que son cycle « Comédie à l’italienne » lors de la réouverture après le deuxième confinement avait réalisé de très bon score. Mais les deux confirment aussi que le cinéma suisse a tout de même beaucoup de mal à se faire une place auprès des cinéphiles, ce dernier étant régulièrement pris pour du cinéma des pays qui le coproduisent. Pour les intervenants, le vrai souci est le désintérêt politique pour entretenir et préserver ce cinéma qui fait pourtant aussi l’identité, riche et complexe, de la Suisse. C’est ce qu’explique notamment l’expérience de Gérard Ruey, président de l’association Alain Tanner, qui a dû se résoudre à mettre en place, lui-même, cette organisation, financée par des acteurs privés et publics, pour numériser et conserver, les oeuvres du réalisateur de La Salamandre, parmi l’un des cinéastes suisses les plus demandés à l’étranger. 

Tous étaient d’accord pour dire que si le cinéma suisse est bien subventionné, il reste encore assez confidentiel, la Suisse ayant encore quelques difficultés à s’ouvrir sur l’extérieure, selon Frédéric Maire. Il ajoute que le lobbyisme culturel, pour soutenir le patrimoine cinématographique a encore un peu de mal à se faire entendre dans un pays qui ne marche qu’au consensus, même si depuis deux ans est apparue une aide à la numérisation du patrimoine cinématographique helvétique. Mais comme le résume Marcel Müller, Consultant Film, Programmes & VOD chez Swiss films, « il est important de prendre en charge dès aujourd’hui les oeuvres suisses nouvelles car elles seront le patrimoine de demain ». 

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