Accréditation

Table ronde : Quels besoins de formation pour les futurs professionnels de la filière du cinéma de patrimoine?

Plusieurs professionnels et universitaires se sont réunis afin d’aborder la thématique “Quels besoins de formation pour les futurs professionnels de la filière du cinéma de patrimoine ?” autour d’une table ronde organisée par le Marché International du Film Classique (MIFC). 

Jeudi 14 octobre, 14h00 à la salle Karbone. Dans le cadre de la 9ème édition du MIFC, Jasmin Basic, coordinatrice Master Cinéma, ECAL/HEAD, Sylvie Fégar, responsable pédagogique du master Patrimoines audiovisuels, INA SUP, Annick Teninge, directrice, La Poudrière, Edouard Treppoz, professeur, directeur du Master 2 D2A - Droit, économie et gestion de l’audiovisuel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et enfin Grégory Tudella, maître de conférence et professionnel associé, Master 2 - Métiers de l’exploitation, de la médiation et de l’éducation, Université Lyon 2, se sont réunis pour discuter de leurs filières respectives et de la place du cinéma de patrimoine dans celles-ci. Cette rencontre a été modérée par Véronique Le Bris, journaliste, autrice et fondatrice du prix Alice Guy. 

Les intervenants présents avaient des profils relativement différents, aucun n’étaient réellement spécialisés dans le domaine du cinéma de patrimoine même si beaucoup ont expliqué que leurs filières respectives étaient “irriguées” par le cinéma de patrimoine. Certains étudiants présentent selon eux un “background culturel faisant référence au cinéma ancien” alors que d’autres n’ont pas du tout “les références cinématographiques” les plus significatives de ce domaine. Beaucoup d'étudiants auraient également “une méconnaissance des possibilités de travail dans le domaine du cinéma de patrimoine.” Même s’il apparaît que beaucoup ont les “connaissances cinéphiliques” ou en tout cas accès à une certaine cinéphilie pour y prétendre. Toutefois, il a également été pointé du doigt que la “nouvelle génération”, comprendre la génération qui a grandi avec la domestication des nouvelles technologies, a finalement du mal à s’intéresser au cinéma de patrimoine car si celle-ci est inondée par le choix et les possibilités via Internet, elle manquerait de “contextualisation” autour de tout ce choix de films de patrimoine.

Voici un aperçu de l’échange de la table ronde en reprenant les dires des différents intervenants :

Jasmin Basic :Le cinéma de patrimoine n’a pas une place centrale dans notre enseignement. Tout simplement parce que notre formation s’adresse vraiment à une pratique contemporaine du cinéma. Il y a une quinzaine d’étudiants qui développent un projet de film ou de scénario actuel avec une certaine diversité en lien avec la nature du projet choisi par l’étudiant. Il peut toutefois arriver que ce projet puisse être lié au cinéma de patrimoine comme l’utilisation d’archives ou de références évidentes. Nous avons notamment un partenariat avec la cinémathèque suisse pour les archives. Toutefois, le but en soi n’est pas spécifiquement de s’orienter sur le patrimoine même si celui-ci, inévitablement, est intégré ou peut résonner dans la pratique contemporaine que nous proposons dans notre formation.

Annick Teninge :Notre formation s’inscrit dans la pratique. Nous travaillons avec de petits effectifs de 9 à 10 personnes qui abordent la réalisation par le savoir-faire avec une équipe composée de professionnels du cinéma. On élargit beaucoup le spectre pour donner un éventail large à nos étudiants, du cinéma d’animation ou plus largement du cinéma. Nous abordons le cinéma de patrimoine dans le cadre de la culture cinématographique mais la culture générale n’est pas amenée par nos cours magistraux mais plutôt par des rencontres qui se font à l’école ou dans des lieux de culture. Nous avons aussi l’habitude d’amener une fois par semaine nos étudiants voir des films en salles car nous trouvons cela important. Ce qui a un peu renforcé notre rapport au patrimoine c’est notamment un travail fait par le CNC autour du cinéma d’animation du début du siècle jusqu’au années 50.” 

Grégory Tudella :Nous essayons de travailler notre éducation à l’image et pour cela nous allons beaucoup nous appuyer sur le cinéma de patrimoine. Il est important que nos étudiants comprennent qu’il y a une histoire du cinéma, que les films d’aujourd’hui n’arrivent pas là sans raison, afin de mettre ce cinéma particulier en valeur. Et ensuite comment on va présenter ces films-là, comment on peut les accompagner et surtout qu’est-ce qu’on va pouvoir en dire. Et imaginer produire des outils de médiation comme notre petite pastille vidéo de 3 ou 4 minutes, un ‘avant-programme’, qui introduit le film en question avant sa diffusion en salles.”

Edouard Treppoz :Le patrimoine en tant que tel n’est pas présent dans notre Master 2 D2A. Néanmoins, le patrimoine ‘irrigue’ notre filière car nos étudiants ont environ 80 heures de propriété intellectuelle, ce qui est important alors nous parlons d'œuvres. Il est extrêmement important que nos élèves comprennent le B.a-ba du droit d’auteur et donc nous parlons évidemment de patrimoine.

Sylvie Fégar :Comme mes collègues, j’ai envie de dire que la notion de cinéma de patrimoine en tant que telle n’est pas étudiée ni enseignée directement. Mais c’est vrai qu’il s’agit d’une notion qui ‘irrigue’ la filière. La spécificité de l’école c’est l’insertion en entreprise, vers une structure davantage tournée vers l’audiovisuel plutôt que le cinéma à proprement dit. L’école n’a pas vocation à former des personnels pour l’Institut. Nous sommes déjà sur un marché de niche, à savoir les archives audiovisuelles et cinématographiques, donc on ne se spécialise pas uniquement dans le cinéma de patrimoine sinon nous aurions qu’un étudiant par an à insérer sur le marché du travail. C’est plutôt dans les travaux en groupe au cours de l’année où certains étudiants peuvent parfois choisir une thématique liée au cinéma de patrimoine. Si je force le trait ou que je schématise beaucoup, je dirais qu’il y a une vision un peu romantique d’aborder notre master pour finalement terminer programmateur à la cinémathèque. A ce jour, cela n’est jamais arrivé.

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