Accréditation

Keynote des invitées spéciales – Hella Wenders et Claire Brunel, co-directrices de la Fondation Wim Wenders

Cette année le cinéaste allemand Wim Wenders est le récipiendaire du 15e Prix Lumière. L’occasion pour le 11e MIFC d'accueillir le mardi 17 octobre au cours d’une Keynote ses invitées spéciales Hella Wenders et Claire Brunel, les co-directrices de la Fondation Wim Wenders. Ces dernières ont, durant plus d’une heure, présenté les actions et spécificités de leur institution, dans un dialogue modéré par Gérald Duchaussoy.

 

Une fondation unique en son genre

Lancée en 2012, La Fondation Wim Wenders ne connaît pas de précédent. En effet, la fondation est gérée par deux directrices, qui se jugent complémentaires d’après Hella Wenders. Auparavant membre du Conseil d’Administration de l’institution, Hella Wenders rejoint d’abord le Conseil de Direction, s’occupant alors du travail éducatif de la Fondation. Elle en devient co-directrice aux côtés de Claire Brunel en 2019. Cette dernière avait intégré l’organisme dès ses débuts. Chacune a ses propres projets, avec ses propres spécialités – gestion de l’institution et des archives pour Hella Wenders, aspects financiers et managériaux pour Claire Brunel. Une responsabilité partagée avec également deux autres femmes au sein de l’équipe de direction : Francesca Hecht et Christine Rennert.

Une direction dont Wim Wenders n’est jamais très éloigné. Si au cours de l’un des clips projetés durant la Keynote le réalisateur a exprimé son souhait de voir ses films devenir indépendants, le cinéaste reste très impliqué dans les travaux de sa fondation. Il participe à l’élaboration des sous-titres, et est très actif dans les travaux de restauration de ses œuvres. Pour lui, c’est une manière de corriger ses créations, de les réaliser comme il le souhaitait à l’origine. Enfin, il participe aux actions éducatives de la fondation, et prend le temps d’expliquer les archives que l’institution conserve. 

Cette dernière n’est pas constituée en entreprise, car comme l’explique Claire Brunel, cela voudrait dire être tourné vers le profit. A l’inverse, le travail du cinéaste allemand est contrôlé par une association à but non-lucratif, qui s’appuie sur la vente des licences des films de Wim Wenders pour financer ses projets.

 

Trouver des financements 

Car la Fondation Wim Wenders ne s’appuie sur aucun financement institutionnel venant de cinémathèques ou d’autres institutions tournées vers le cinéma. « Nous devons donc être créatives pour trouver de nouveaux financements », expliquent les intervenantes face à Gérald Duchaussoy.  

En plus de la vente des licences des films de Wim Wenders, cette créativité amène les co-directrices à se diversifier. Elles s’appuient alors sur les droits des photographies liées à l’univers du cinéaste, qu’elles exposent au cours d’occasions particulières, comme Les Rencontres de la Photographie d’Arles. Elles font également appel à des donations, cherchant donc à étendre leur réseau d’investisseurs.  

De ces divers financements, Hella Wenders et Claire Brunel alimentent la Fondation. Mais en majorité, ce sont les revenus tirés des licences des 52 films qu’elles conservent qui rapportent le plus. Les gains bénéficient alors à d’autres structures, telles que leurs archives, leurs travaux de restauration, mais aussi leur programme d’éducation à l’image.

 

Transmettre les valeurs de Wim Wenders 

Leur objectif premier est de transmettre les valeurs de Wim Wenders. « Son regard aimant, sa curiosité et son ouverture sur le monde » qui sont au cœur de ses films. Pour cela, les co-directrices regorgent de projets pour étendre leurs actions et transmettre au mieux l’héritage cinématographique du réalisateur.

Après quinze films restaurés en trois ans au moment du lancement de l’entité, Hella Wenders et Claire Brunel se tournent, en plus de leur travail de restauration, vers de nouveaux moyens de partager la cinéphilie de Wim Wenders. 

A l’heure de prendre les rênes de la Fondation, les deux femmes ont souhaité réfléchir aux spectateurs de demain, qui selon elles « consomment sans réfléchir ». Elles ont alors développé un cours d’éducation à l’image cinématographique, pour mieux regarder les œuvres de Wim Wenders, mais pas seulement. Ces cours rassemblent des étudiants dans une salle de cinéma face à trois paires de films (un ancien et un moderne), en présence de Wim Wenders. Un moyen de leur montrer comment le cinéma évolue. Une action qu’elles espèrent pouvoir internationaliser.

Une bourse a également été créée pour supporter les jeunes cinéastes. Cette année marquera la dixième édition de la bourse Wim Wenders, dotée de 100 mille euros à répartir entre les différents projets retenus par la Fondation. Environ six projets sont sélectionnés chaque année, de candidats résidents en Allemagne mais venus du monde entier, par un jury où siège Wim Wenders. Des créations aux formats divers, allant de la web série aux installations numériques.

En outre, Hella Wenders et Claire Brunel travaillent activement à rendre accessible le travail de Wim Wenders au plus grand monde. Déjà édités en vidéo et sortis en salles en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Scandinavie, au Japon, en Chine, à Taïwan, en Grèce, en Italie, en Allemagne et en Espagne, les deux directrices de la Fondation Wim Wenders espèrent investir de nouveaux territoires. Aux côtés de la société Salaud Morisset, habituellement spécialisée dans le court métrage, elles souhaitent dans deux ou trois ans présenter le travail de Wim Wenders en Afrique, en Amérique du Sud et plus globalement en Asie, tout en générant de nouveaux revenus de cette diversification.

 

Construire des ponts entre le passé et le présent

Enfin, beaucoup de travail reste encore à faire. Et si les deux gérantes de l’institution expliquent prévenir dès aujourd’hui les problématiques de demain, en travaillant côte à côte avec la société de production des films de Wim Wenders pour rendre les restaurations futures plus faciles, de nouveaux enjeux s’imposent à elles.

Le principal concerne les discussions politiques qu’elles ont pu mener jusque-là, à différentes échelles, et qu’elles souhaitent étendre au maximum. « Nous souhaitons promouvoir le cinéma comme une forme artistique » par des discussions politiques aux échelles régionales, nationales et européennes. Elles espèrent rendre compte de l’importance d’un tel héritage culturel, pour que le cinéma perdure.

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