Accréditation

Keynote du grand témoin: "Sans SVoD, point de salut pour les films classiques"

Accompagné de Pascal Lechevallier, Jérôme Soulet, directeur du département vidéo, télévision et nouveaux médias chez Gaumont, a délivré son point de vue sur les enjeux à venir du cinéma de patrimoine. 

MIFC J Soulet

A travers dix graphiques, Jérôme Soulet a fait un portrait de l’actualité de la consommation de films de répertoire et a même anticipé leur avenir. Et la sentence est sans appel pour le Grand témoin : il est nécessaire pour l’industrie de s’adapter au plus vite aux nouveaux usages. 

Et pourtant, pour l’heure la vidéo physique se porte encore plutôt bien, restant toujours le 1er support d’accès du cinéma : "Il ne faut pas l’enterrer trop vite, elle représente encore trois fois l’offre disponible en SVoD". Et envers ceux qui trouveraient que les chaînes de télévision ne font pas assez d’efforts pour le cinéma de patrimoine, Jérôme Soulet s’inscrit en faux : "60% des films diffusés à la télévision sont de patrimoine (soit de plus de 10 ans), et 1/4 d’entre eux ont même plus de 40 ans" précise-t-il. Selon lui, les chaînes font leur travail et si elles ne passent pas du Fellini ou du Bergman à heure de grande écoute, c’est que ce n’est tout simplement pas leur modèle économique : "Elles marchent sur la publicité et le public désire des comédies. C’est pour ça que la plupart des films les plus diffusés depuis 50 ans en sont et les 27 premiers sont français!". 

Après ce constat finalement loin d’un alarmisme ambiant, les choses se sont corsées en regardant vers le futur. En effet, selon le grand témoin, deux mondes sont en train de s’affronter: le linéarisé et le délinéarisé. Et c’est le 2e qui l’emporte. Sauf que la France a du retard à rattraper par rapport à ses collègues étrangers. "Le marché français ne va pas dans le bon sens avec une carence en offre SVoD" insiste-t-il, précisant que si la tendance ne s’inverse pas, cela pourra être problématique à l’avenir pour le cinéma de répertoire : "Sans SVoD, point de salut". "En 2020, la moitié de la consommation vidéo dans le monde sera à la demande" argue-t-il, chiffres à l’appui. Et selon lui et Pascal Lechevallier, toute une génération, les Millenials et Digitale Natives, en sont eux déjà à plus de 60% d’utilisateurs de ces nouvelles technologies. Une transition qui conduit à des comportements tel que le Mobile Only, les plus jeunes générations n’ayant plus accès aux images que par leur portable, posant ainsi la question de la transmission du patrimoine. 

A ce changement de consommation s’ajoute d’autres problèmes corollaires comme les soucis liés à la territorialité et la baisse du marché publicitaire pour les méthodes de diffusion plus traditionnelles. "Aux Etats-Unis, le marché seul de la SVOD a dépassé les autres et c’est ce vers quoi nous nous dirigeons. Mais au lieu de craindre cette transformation, il faut l’appréhender et la voir comme une opportunité" affirme Jérôme Soulet. Surtout qu’en ce qui concerne le cinéma de patrimoine spécifiquement, sa sortie salle par exemple, ne représente qu’une toute petite part de l’ensemble des entrées (soit 1%) à quelques exceptions près. Et sachant que ces films de répertoires souffrent d’une grande sous représentativité chez les gros acteurs internationaux de la VoD ou de la SVoD, le grand témoin pense qu’il y a une véritable carte à jouer localement, citant des initiatives telles que FilmoTV ou LaCinétek : "En tant qu’ayant-droits français, nous nous devons de soutenir les projets digitaux hexagonaux". 

Jérôme Soulet a terminé son intervention sur des perspectives prônant la nécessité du passage au numérique et souhaitant, dans le sens de la Directive SMA, contraindre les grandes plateformes internationales à des quotas de films européens. 

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