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TABLE RONDE EXPLOITATION - La salle, écrin du patrimoine : stratégies et leviers pour une exposition accrue

Le MIFC s’ouvrait ce mercredi 16 octobre avec une table ronde sur la salle, pensée comme un tremplin privilégié du cinéma de patrimoine, inaugurant une journée dédiée à l’exploitation. Guidés par Julien Marcel, fondateur et dirigeant de The Boxoffice Company, Guillaume Bachy, Christian Bräuer, Laura Houlgatte, Nadège Lauzzana et Richard Patry ont discuté des stratégies et des leviers mis en place dans les salles pour une exposition accrue du cinéma classique.

La programmation, enjeu majeur du cinéma de patrimoine en salle

Si sa définition varie selon les points de vue et les frontières, tantôt compris comme un cinéma distribué il y a au moins 20 ans ou bien vieux de 10 ans, le cinéma de patrimoine a plus que jamais sa place dans les salles obscures. Une affirmation sur laquelle s’accordent tous les intervenants de la table ronde matinale du mercredi 16 octobre, appuyant unanimement sur l’importance de la programmation dans l’exposition du cinéma classique.

Celle-ci est une vraie “guérilla” pour Guillaume Bachy, président de l’AFCAE, compliquée par la place faite au cinéma de patrimoine face aux films récents dans les programmes. Il interroge sur la place laissée au cinéma classique dans les programmations, appelant à une collaboration entre exploitants et distributeurs, ainsi qu’avec le public pour l’impliquer dans le travail de programmation.

Laura Houlgatte, CEO de l’UNIC, précise qu’avec 30 % de productions US en moins, les programmes doivent être complétés. Pourquoi pas le faire avec des films patrimoniaux ? Une proposition qui s’applique aussi bien aux salles françaises qu'internationales.

La recommandation est partagée par Richard Patry, président de la FNCF, qui ajoute que le public est demandeur de films classiques. De son côté, Nadège Lauzzana, présidente de l’ADRC, affirme qu’il faut écouter et entendre le public pour sortir d’une logique de niche et rentrer dans une logique de rendez-vous quant à la programmation des longs métrages classiques.

Mettre l’accent sur l’accompagnement

Pour répondre aux attentes du public en matière de cinéma classique, l’accent est alors mis sur l’accompagnement. Un accompagnement qui se joue du côté des distributeurs et des cataloguistes, qui doivent travailler auprès des exploitants, selon Nadège Lauzzana, mais aussi du côté des salles elles-mêmes. La récente réforme du label Art et Essai, qui favorise l’animation à la programmation de séances de patrimoine et de genre, est une preuve de l’importance de l’accompagnement dans le cadre de projections patrimoniales.

L’animation est alors centrale, comme le rappelle Nadège Lauzzana avec le succès de festivals comme Play It Again ou Les Mycéliades, qui proposent des expériences inédites en salles pour du cinéma de patrimoine. Elle rappelle par ailleurs que l’ADRC est une ressource essentielle du travail de médiation et d’éditorialisation que les exploitants peuvent mettre en place pour valoriser les séances de patrimoine. En plus des 1500 titres de son catalogue, l’association propose de la documentation et des éléments de contextualisation pour “dépoussiérer” le patrimoine.

Pour Richard Patry, un exemple significatif de l’importance de l’animation est à trouver dans le recrutement par le CNC de nombreux médiateurs en région, malgré le soutien décroissant des collectivités territoriales en matière d’accompagnement scolaire pour l’éducation à l’image, déploré par Guillaume Bachy.

Par ailleurs, l’animation peut se trouver loin des schémas traditionnels des projections, comme par exemple au sein de ciné-clubs. Richard Patry évoque le dispositif 15-25 de l’AFCAE qui a fait naître de nombreux ciné-clubs, tenus par des jeunes, lesquels mettent en place un travail de programmation et d’éditorialisation remarquable, preuves de l’importance d’impliquer les spectateurs dans la programmation des séances de patrimoine.

Enfin, pour Christian Bräuer, président de la CICAE, il faut prendre en compte le business que le cinéma de patrimoine représente pour les salles, et en conséquence mettre en place des éléments marketing pour faire venir les spectateurs. Il parle de nouveaux outils, comme Letterbox, de l’intérêt de la fidélisation du public, et de la programmation du patrimoine au sein de cycles thématiques, œuvrant comme un lien entre passé et présent.

Des difficultés subsistent

Si des leviers et des stratégies sont déjà lancés pour favoriser le cinéma de patrimoine dans les salles, des difficultés subsistent encore. Laura Houlgatte évoque les difficultés propres au patrimoine : la recherche des ayants droits, la question de la qualité des pellicules et de la langue, ainsi que les coûts engendrés pour arriver jusqu’en salles. Richard Patry parle de la disponibilité des œuvres, qui n’est pas toujours garantie.

Guillaume Bachy revient pour sa part sur la question des “films abîmés”, entachés par des changements de paradigmes sociétaux, qu’il convient tout de même d’accompagner, comme l’a montrée la table ronde éponyme du mardi 15 octobre organisée au MIFC.

Laura Houlgatte mentionne également les équivalents européens du CNC qui doivent se mobiliser pour le patrimoine, tout comme Christian Bräuer, pour qui l’investissement européen dans le cinéma classique doit être discuté par les commissions européennes.

Vers un avenir radieux ?

Unanimement, les intervenants ont approuvé la formule utilisée à plusieurs reprises par Richard Patry : le cinéma de patrimoine a un “avenir radieux” dans les salles. Une positivité qui se retrouve dans les chiffres : les récents résultats du CNC attestent d’un envol en faveur du patrimoine dans les salles. Christian Bräuer parle de l’importance de la numérisation, désignée comme un autre levier essentiel pour attirer le public en salles. Il se dit aussi optimiste sur l’IA face au cinéma : selon lui, elle est une “copie” qui amène à vouloir voir “l’original”.

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