Accréditation

Recherche d’exploitation suivie : "Economiquement illogique, artistiquement indispensable"

Le 5e Marché International du Film Classique a débuté ce mardi matin en grande pompe avec la table ronde pratique co-organisée par la SACD et l’Institut Lumière. 

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Autour du sujet de la recherche d’exploitation suivie, la table ronde animée par Anthony Bobeau s’est divisée en cinq temps. 

En introduction, Isabelle Meunier-Besin, responsable du service de négociation des contrats de production audiovisuelle de la SACD, et Gilles Venhard, directeur administratif du Catalogue Gaumont ont rappelé les grands axes de l’arrêté du 7 octobre 2016 qui définit le cadre de la recherche de l’exploitation suivie : "Il faut bien dire « recherche", insiste en plaisantant Gilles Venhard, "Pour cela, il suffit de penser à Proust quand on pense à cet arrêté". Né d’une concertation entre l’ensemble de la profession qui a duré 10 mois, cet arrêté sert à muscler les obligations d’exploitation et d’en définir les bonnes manières. Il s’articule autour de trois points pivots : rechercher une exploitation pour chaque oeuvre, conserver et mettre aux normes et informer l’auteur. Les deux intervenants ont cependant convenus que cette obligation en était plus à l’état de « définition » que réelle prête à être mise en action. 

Dans un deuxième temps, Sabrina Joutard, directrice adjointe du Catalogue Pathé, et Ellen Schafer, responsable du catalogue des films classiques chez SNC/SND, sont venus apporter un point de vue de producteur sur ce sujet. Si elles s’accordent à dire que cet accord semble équilibré, tous les acteurs du secteur ayant des obligations, certains problèmes ont la peau dure. Car si c’est "un plaisir" comme le souligne Ellen Schafer, de pouvoir exploiter les films, les questions financières et techniques, et notamment la relation avec les ayant-droits restent un souci. Surtout en termes de restauration où les coûts importants ne rencontrent pas une demande assez forte, donnant ainsi l’exemple d’un film de 8h de Louis Feuillade, Les Vampires, ayant coûté 500 000€ à restaurer. "On fait souvent plus ça pour l’amour du cinéma" sourit Sabrine Joutard. De même pour le lien avec les chaînes de télévision qu’elles pensent peu démonstratives dans leur volonté de montrer des films de patrimoine. Et quand elles le font, ce sont toujours pour les mêmes films, précisent-elles. De même pour la SVoD et la VoD qui ne cherchent pas à mettre en avant ces longs métrages classiques. "C’est une bataille permanente" disent-elles, en soulignant le courage des sociétés, plus petites, n’ayant pas les moyens d’actions de Gaumont, Pathé ou du Groupe M6. Elles en appellent au CNC pour continuer à contribuer aux restaurations et pour insister auprès des chaines pour les contraindre à plus d’efforts envers le cinéma de patrimoine.  

A leur suite, Serge Bromberg, fondateur de Lobster Films, est venu apporté son point de vue de distributeur, éditeur DVD et restaurateur. Lui aussi est revenu sur "l’ineptie" de la politique des diffuseurs en matière de films classiques alors que lui plaide pour plus d’éducation des publics. Selon lui, cette recherche d’obligation d’exploitation est "économiquement illogique" mais "artistiquement indispensable" surtout pour les oeuvres plus confidentielles car "des films qui étaient déjà au bord de la route n’ont aucune raison de revenir soudainement au milieu du chemin sans intervention politique".  

Enfin, le réalisateur Christian Carion a ajouté son point de vue d’auteur dans le débat. Et le cinéaste de préciser que normalement, quand un film est terminé, on passe à autre chose, sans regarder vraiment en arrière. Quelques mésaventures, impliquant notamment des stations essences, l’ont obligé à changer d’attitude. Et notamment à créer sa société de production: "Comme le droit moral n’existe pas en dehors de la France, puisque le modèle anglo-saxon domine, la meilleure façon pour un auteur d’avoir son mot à dire est de fonder une boite pour s’associer au copyright de ses films".

La table-ronde s’est clôturée sur un point autour du suivi de la négociation des contrats à la SACD, mené par Guillaume Jobbe-Duval, juriste négociateur à la société d’auteurs traitant notamment de le renégociation des droits ou frais de succession en cas d’œuvre en déshérence. 

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