Directeurs et directrices de cinémathèque, distributeurs et professionnels responsables d’archives se sont réunis autour de la thématique : “Quelles histoires, quelles relations, quel futur ?”.
Mercredi 13 octobre, salle Karbone. Lors de la 9ème édition du Marché International du Film Classique, organisée à l’initiative du Festival Lumière, des professionnels d’archives et à la tête de cinémathèques européennes se sont donnés rendez-vous pour discuter de l’épineuse question autour de la diffusion du cinéma de Patrimoine et des ayants droit. Etaient présents lors de cette table ronde : Philippe Chevassu, président de Tamasa, Sandra den Hamer, directrice de Eye Film Institute et présidente ACE (Association des Cinémathèques Européennes), Lova Hagerfors, responsable accès films, droits et distribution du Swedish Film Institute, Mark Hirzberger-Taylor, PDG de Park Circus, et Frédéric Maire, président de la Fédération internationale des Archives du Film (FIAF). La discussion a été modérée par Jacques Kermabon, programmateur des Archives audiovisuelles de Monaco.
Dès le début de la rencontre, les six professionnels sont arrivés au même constat : le cinéma de Patrimoine ne peut exister et pérenniser sans la bonne entente et des rapports cordiaux entre les cinémathèques et les ayants droit des films. “L’espoir pour le cinéma de Patrimoine c’est de trouver des moyens de collaborer ensemble”, explique Frédéric Maire de la FIAF. “Nous avons tous ici le même objectif : trouver des films, les restaurer puis les montrer au public. Il faut arriver à déboucher sur un cadre législatif en fonction des différents pays mais aussi des différentes cinémathèques.” En effet, la législation autour des ayants droit d’une œuvre cinématographique, de patrimoine ou non, diffère selon les pays. De son côté, Sandra den Hamer, présidente ACE, appuie le propos de Frédéric Maire en démontrant que, pour elle, défendre le cinéma de patrimoine c’est appartenir avant tout à un “Mouvement”. Une mission qui est de présenter un film classique, en format physique dans les salles de cinéma ou en ligne sur des plateformes de streaming, afin que le jeune public puisse découvrir le cinéma de patrimoine. Il s’agit d’une passation d’une génération à une autre, importante aux yeux de ces professionnels pour que les films classiques puissent continuer d’exister. Mais également mettre en lumière des longs-métrages méconnus ou oubliés. Ainsi, toujours selon la présidente ACE, c’est “primordial pour toutes les cinémathèques de travailler main dans la main, de créer un réseau pour s’entraider et d'œuvrer avec les ayants droit” afin d’aller dans une seule et même direction. Celle d’une protection et une diffusion du cinéma de patrimoine. “La pandémie de 2020 a mis à mal notre travail et a changé le monde de consommation des films”, détaille Mark Hirzberg-Taylor, PDG de Park Films. “Le public a besoin d’être raccompagné dans les salles, c’est aussi ça le travail des cinémathèques mais il faut trouver le ‘business plan’ idéal.”
Pour Philippe Chevassu, président de la société d’édition Tamasa, on réduit trop souvent la problématique du cinéma de Patrimoine à sa diffusion. Les enjeux diffèrent en fonction de la grandeur des structures mais, selon lui, c’est aussi une question de volonté pour trouver un accord qui permettrait que tout le monde soit gagnant à l’arrivée (cinémathèques, distributeurs, ayants-droit). Toujours selon lui, il faut “montrer plus de film, faire plus de projections”. De fait, il faut encourager la diffusion de films de Patrimoine et pas seulement dans le cadre de rétrospectives ou de séances spéciales. Philippe Chevassu enchaîne : “Notre vocation c’est avant tout que les films soient vus. Et donner le goût du cinéma. Beaucoup de films ne pourraient pas exister aujourd’hui si les cinémathèques ne récupérait pas les droits.” Il s’agit pour lui d’un partenariat crucial et essentiel. Lova Hargerfors, du Swedish Film Institute, présente à la table ronde à distance via l’application Zoom, a expliqué que le cinéma de patrimoine est entièrement financé par le gouvernement en Suède. Pour elle, l’équilibre entre la diffusion de films et leurs ayants-droit a trouvé un bon équilibre “jusqu’ici”. Philippe Chevassu a conclu cette table ronde en contextualisant le travail des cinémathèques et des distributeurs, notamment l’éditorialisation autour des films qui est importante pour le public : “Il ne faut pas croire que l’on pioche des films au hasard dans un catalogue. On réfléchit en amont, en tant que distributeur, on trouve une ligne éditoriale cohérente afin de diffuser un film dans les meilleures conditions. Il faut vraiment éviter de tomber dans de l’automatisme froid comme sur n'importe quelle plateforme. Il n’y a pas que les plateformes comme solution. L’édition vidéo en fait partie.” Tous les professionnels présents ont été d’accord sur l’importance de ce travail éditorial autour de l'accompagnement des films mais aussi l’importance de trouver définitivement un terrain d’entente commun entre cinémathèques et ayants-droit qui faciliterait la pérennité et l’existence du cinéma de patrimoine dans les années à venir.
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