Le mercredi 18 octobre a vu le MIFC poursuivre sa programmation sur le documentaire de patrimoine, s’inscrivant dans l’initiative de l'Année du documentaire initiée par la Cinémathèque du Documentaire. Introduites la veille par une table ronde sur la localisation du patrimoine documentaire, les questions sur le cinéma documentaire de patrimoine se sont ce jour tournées vers sa diffusion à l’occasion d’une seconde table ronde. Modérée par Pierre-Alexis Chevit, de Cannes Docs, elle a réuni Annaëve Saïag, Emmanuel Gibouleau, Catherine Bizern, Mathieu Berton et Mehelli Modi.
Le documentaire, un genre de niche
En ouverture, Pierre-Alexis Chevit a tenu à interroger les intervenants de la table ronde sur les spécificités du genre documentaire, et avec lui du documentaire de patrimoine, concernant sa circulation et sa valorisation. À l’unanimité, les invités du Marché ont désigné le cinéma documentaire comme « du cinéma », et non comme un genre séparé d’autres formats cinématographiques.
Une affirmation symbolique, tant le documentaire a été décrit par les intervenants comme un genre « de niche », difficile à positionner face au reste de l’industrie. Catherine Bizern, du festival Cinéma du Réel, raconte ainsi avoir initié les Rendez-vous des documentaires du patrimoine à destination des porteurs de projets de restauration pour replacer le documentaire classique dans le marché classique. Car si un marché du film de patrimoine s’ouvrait il y a une dizaine d’année, avec la création du MIFC notamment, le documentaire n’en faisait pas partie.
Distinct de la fiction, le cinéma du réel peine alors à trouver sa place auprès du public, quand bien même il est fabriqué comme tous les films, d’après Mehelli Modi. « Il nous fait ressentir les mêmes émotions » explique le directeur de Second Run DVD. C’est alors aux acteurs du cinéma documentaire d’œuvrer pour revendiquer sa place.
De l’importance de diffuser le documentaire de patrimoine
Un travail en particulier destiné aux distributeurs. Pour Mathieu Berton, de Météore Films, l’enjeu de sa fonction de distributeur est « d’agrandir la niche » du documentaire, étiqueté comme un genre filmique limité et clivant. Une tâche partagée par Emmanuel Gibouleau, directeur de la salle du Cinématographe, pour qui il est nécessaire de faire comprendre à leurs spectateurs que le documentaire est du cinéma en général.
Les invités ont tenu à rappeler l’importance de diffuser des documentaires, et en particulier des documentaires de patrimoine. Pour Catherine Bizern, montrer des films anciens aide à mieux comprendre sa réalité. C’est pour leur contemporanéité qu’on les visionne, ils permettent d’ouvrir les yeux sur ce qu’on vit. Un rôle cité par Annaëve Saïag, responsable communication et marketing pour Tënk, qui voit dans le documentaire une aide à la compréhension de la société et de ses problématiques actuelles.
Quelles initiatives et stratégies pour sa diffusion ?
Les rendre le plus accessible possible passe alors par plusieurs biais. A commencer par l’usage des codes anecdotiques du cinéma, pour montrer le geste cinématographique du documentaire de patrimoine. Une stratégie adoptée par Mathieu Berton, et illustrée par la bande-annonce de Titicut Follies de Frederick Wiseman ressorti en salles en 2017. Affiche, typographie et couleurs sont pensées pour apporter de la modernité à l’œuvre et ne pas détourner le spectateur.
La sortie en elle-même peut être un tremplin d’aide à la diffusion de documentaire de patrimoine, comme l’expliquent Emmanuel Gibouleau et Annaëve Saïag. L’exploitant organise ainsi des rencontres et des ateliers autour du patrimoine documentaire, pour y sensibiliser son public : le 9 octobre une séance a été organisée autour des œuvres Beppie et Les Vacances du cinéaste de Johan van der Keuken, projetées en audiodescription. De son côté, la responsable marketing et communication a expliqué que la plateforme Tënk est sollicitée par des distributeurs pour mettre en ligne des films particuliers au moment de sorties en salles. Tënk se place alors en outil de création d’une culture du documentaire, et en particulier du documentaire de patrimoine.
La plateforme fait également usage des réseaux sociaux pour parler du patrimoine documentaire et le relier à l’actualité. Une newsletter hebdomadaire a été créée, et Instagram et TikTok sont investis par des publications sur le documentaire de patrimoine. Depuis le 1er octobre, Tënk propose sa Traversée du documentaire, en diffusant en accès libre un film introduit par une vidéo sur TikTok, qui relie la forme classique à un format plus contemporain pour faire dialoguer les films. Un cycle débuté par La moindre des choses de Nicolas Philibert.
La restauration, la clé du documentaire de patrimoine
Enfin, les travaux de restauration ont été mentionnés comme des éléments essentiels à la bonne accessibilité du patrimoine documentaire. Comme un moyen de rassembler des spectateurs, puisque sans copie de bonne qualité, les projections en salles ne sont pas aussi efficaces selon Catherine Bizern. Une vision appuyée par Mehelli Modi, pour qui au-delà de la copie physique, c’est la projection qui assure la confiance du public dans le documentaire de patrimoine.
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