Accréditation

Table ronde : Singularité éditoriale, transversalité des activités : Des atouts pour le marché?

Quatre éditeurs vidéo se sont rassemblés pour débattre autour de la thématique “Singularité éditoriale, transversalité des activités : des atouts pour le marché ?”

Mardi 12 octobre 2021, 15h30 à la Salle Karbone. Au programme de la 9ème édition du Marché International du Film Classique (MIFC), les éditeurs vidéo Potemkine, La Traverse, Milestone Films et RE:VOIR se sont réunis autour d’une table ronde, en présentiel et à distance via l’application ZOOM, pour mettre en lumière leurs activités de défense du cinéma de patrimoine à travers l’édition de films en DVD/Blu-ray. Animée par Alice Leroy, enseignante-chercheuse et critique, cette rencontre a permis au public du MIFC de mieux comprendre les parcours respectifs de ces quatres éditeurs ainsi que les enjeux de leurs travaux respectifs. 

On parle souvent de ligne éditoriale mais je pense qu’on devrait plutôt parler de singularité.”, explique Gaël Teicher, fondateur et directeur de La Traverse. “Une ligne c’est quelque chose de droit, que l’on suit bêtement sans s’en éloigner. Tout le processus d’édition est en réalité une mosaïque. Et cela implique aussi un travail collectif, c’est comme une auberge espagnole.” L’éditeur présent lors de la rencontre détaille que l’édition vidéo n’est pas seulement le processus d’éditer un film en format physique. Il y a tout une recherche en amont, l’envie de dépoussiérer un film méconnu ou oublié, la recherche des ayant-droits, l’accompagnement lors de la restauration ou encore la promotion une fois le film restauré. Même s’ils œuvrent dans le même domaine de l’édition vidéo, les quatres professionnels ont des parcours, des sensibilités et des publics cibles bien différents. L’activité de RE:VOIR, par exemple, est avant tout basée sur la relation privilégiée que la société entretient avec les cinéastes qu’elle édite. Du cinéma de niche, expérimental, qui “n’est pas vraiment rentable” selon Pip Chodorov, le fondateur et directeur, mais qui visiblement trouve quand même ses aficionados à l’arrivée. “Notre première production c’était un coffret DVD de Jonas Mekas qu’on a pu distribuer à la Fnac avec les moyens du bord. J’étais content qu’il soit à côté de coffrets de Méliès dans les rayons du magasin.” Du côté de Potemkine films, c’est le rapport avec les cinéphiles qui prime et cette capacité à tisser des liens afin de créer une communauté de fidèles. Nils Bouaziz, fondateur et directeur, explique que tout est parti d’une demande d’un client dans sa boutique, ouverte il y a 15 ans, qui voulait se procurer Requiem pour un massacre d’Elem Klimov, film de guerre russe des années 80 alors inédit en France. “Une claque cinématographique comme on en prend 10 dans sa vie”, précise l’éditeur. Dès lors, l’éditeur a trouvé son crédo : mettre en lumière des films difficilement trouvables en France et s’imposer comme un passeur auprès de sa clientèle qui s’est transformée au fil des années en une communauté fidèle. Enfin, Milestone film, maison d’édition établie aux Etats-Unis, a affirmé sa position de travailler en lien étroit avec de nombreuses sociétés d’archives afin de dénicher des films rares et les rééditer pour les faire connaître à un plus grand public. 

Alors que l’époque est de plus en plus propice à la dématérialisation des supports artistiques et culturels, ces quatre éditeurs vidéo ont dû diversifier leurs activités pour continuer à exister mais également s’adapter à un marché en constant changement. RE:VOIR a ainsi créé en 2021 une plateforme vidéo qui héberge les films de leur catalogue. Une entreprise qui leur a pris trois ans de préparation. De leurs côtés, Milestone Films a également lancé sa plateforme de streaming, profitant que “le monde entier se soit arrêté de tourner en 2020” comme l’explique Amy Heller, co-fondatrice et présidente de la société, en faisant référence à la pandémie mondiale liée au Covid-19 qui a sérieusement impacté le secteur audiovisuel et cinématographique. “Un seul droit pour un film ne suffit plus”, détaille Gaël Teicher de La Traverse. “Il faut essayer d’ouvrir plusieurs portes sur une même œuvre.” Films en salles, VOD, format physique, livres dérivés, ressorties… Les éditeurs doivent aujourd’hui multiplier les supports pour finalement arriver à être “rentable et survivre un minimum”, comme atteste à ses côtés Nils Bouaziz de Potemkine. Ce dernier conclut en expliquant qu’aujourd’hui le support physique est plus que jamais “installé” et pense que “ça va durer  longtemps”. Selon lui, l’objet physique devient une pièce de collection qui rassemble des cinéphiles au profil différent. Il y a cette notion de partage, de rareté autour d’un support que l’on qualifie trop souvent à tort de dépassé. Lors du traditionnel question-réponse avec le public en fin de rencontre, l’épineuse interrogation autour de l’âge des cinéphiles concernés par ce cinéma de Patrimoine a été posée par un spectateur. Nils Bouaziz a répondu du tac-o-tac : “Récemment, nous avons projeté Rouge de Krzysztof Kieślowski que nous allons ressortir en salles. La moyenne d’âge était entre 20 et 25 ans. Ces jeunes, dont vous parlez, répondent bel et bien présents.

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