Accréditation

Tribune des éditeurs vidéos au MIFC 2020

Cette 8ème édition du MIFC a donné la parole à trois éditeurs vidéo membres de L'Appel des 85, le collectif qui défend la préservation du support physique. Une rencontre qui donne une vue globale de la situation et des enjeux du marché du Blu-ray/DVD. 

Tribune Appel Des 85

Mardi 13 octobre 2020, Salle Karbone. Dans le cadre du MIFC 2020, trois éditeurs vidéo sont venus débattre au cours d'une tribune qui leur été dédiée concernant la nécessité de sauvegarder les supports physiques Blu-ray et DVD à une heure où les plateformes dématérialisées prennent de plus en plus d'importance dans le quotidien des cinéphiles. 

Membres de l'association L'Appel des 85, regroupant 90% des éditeurs vidéo de la profession, Natacha Missoffe (Responsable des éditions vidéo Potemkine), Vincent Paul-Boncour (Cofondateur et directeur de Carlotta Films) et Hugues Peysson (Président de L'Atelier Images) ont fait état de la situation actuelle face aux récentes réformes du CNC. « Un travail de longue haleine », selon Hugues Peysson. Natacha Missoffe lui emboîte le pas : « L'association a été créée peu avant l'apparition du Covid-19. Au départ, nous étions seulement dix éditeurs vidéo. Aujourd'hui, nous sommes 85. Notre officialisation a fait grand bruit notamment grâce aux réseaux sociaux. »

Le but de l'association ? S'entretenir avec les pouvoirs publics de l'importance du support physique. « Il ne faut pas nous enterrer vivants. », ironise la Responsable des éditions vidéo Potemkine. « L'objet physique a plus que jamais un intérêt et il y a une réelle appétence de la part du public. » Les trois éditeurs vidéos ont débattu passionnément sur la situation du marché, notamment après la difficile période de post-confinement liée à une crise sanitaire sans précédent. Hugues Peysson se veut rassurant : « Le marché est totalement dynamique. On a beaucoup battu en brèche les idées reçues notamment à propos de notre public. Non, ce ne sont pas que les parisiens CSP+ qui regardent des Blu-ray et des DVD. Ces supports sont largement prisés en province, y compris par un public entre 15 et 25 ans. »

Les échanges entre les 85 éditeurs vidéo ont permis à ces derniers d'afficher une unité rare.« Ce qui nous motive, c'est la transmission du cinéma de Patrimoine et le développement d'un nouveau public. », explique aux côtés de ses camarades Vincent Paul-Boncour. « Nous touchons tout le monde, y compris les plus jeunes. Mais il faut innover et pour innover, il faut exister. Et surtout nourrir le futur. » Comme le formule joliment Natacha Missoffe, « le cinéma contemporain d'aujourd'hui va devenir le cinéma de Patrimoine de demain. » 

Le CNC a été au cœur de la tribune. Les orateurs ont remercié les subventions déjà allouées aux éditeurs vidéo tout en recontextualisant ces aides dans cette période complexe. Vincent Paul-Boncour renchérit : « Nous avons besoin de votre soutien par rapport à cette situation de crise comme l'exploitation est aidée avec un plan de relance, comme la distribution cinéma est aussi aidée, comme les productions avec des budgets alloués comme les films français. Il nous semblait important que psychologiquement et moralement nous soyons nous aussi dans la boucle. Qu'on ne nous oublie pas dans ce plan de relance et bien évidemment qu'il y ait des aides financières supplémentaires. »

Les trois interlocuteurs sont également revenus sur la limite du cinéma de Patrimoine diffusé par France Télévisions : « On regrette que ce soit toujours le même genre de films qui soit proposé, nous ne sommes pas contre les films de Bourvil ou De Funès mais il ne faut pas qu'il y ait que ça. », développe Vincent Paul-Boncour.« Pendant le confinement, on aurait aimé que France Télévisions octroie une place à 18h aux films de Renoir ou Guitry. Arte, OCS ou Ciné+ l'ont fait et on prouvé, vu les bons scores d'audience, qu'il y a un public qui répond présent.»

Durant ce passe-passe de près de 45mn, questions-réponses avec le public compris, les trois éditeurs vidéos ont bien évidemment évoqué le cas épineux des plateformes dématérialisées. « La plupart d'entre nous, lorsque nous envoyons un mail à Netflix ou Amazon... Ils ne nous répondent même pas. Même pas une petite réponse concernant l'intérêt de notre catalogue. Nous n'existons pas. Alors, nous n'allons pas les lâcher car nous existons pleinement dans ce marché avec notre actualité Patrimoine constante. », lance de façon lapidaire le Cofondateur et directeur de Carlotta Films. De son côté, Natacha Missoffe a exprimé son souhait que les formats physiques et dématérialisés deviennent à l'avenir complémentaires. Son homologue Hugues Peysson conclut : « Nous ne sommes pas des passes-plats, nous mettons en exergue des œuvres pour qu'elles continuent à exister. Et le plus souvent ce n'est possible qu'à travers le support physique. » 


Line-up des éditeurs vidéo du MIFC 2020

Comme chaque édition du Marché International du Film Classique, une dizaine d'éditeurs vidéo est venu présenter leur catalogue 2020/2021 lors d'un panel où l'on a pu entrevoir beaucoup de pépites du cinéma de Patrimoine. 

Après la tribune accordée à l'Appel des 85, le traditionnel line-up des éditeurs vidéos a permis aux professionnels de présenter leurs catalogues respectifs. Nous avons ainsi retrouvé Le chat qui fume, Tamasa Distribution, Carlotta Films, ESC Éditions, Arte, Sidonis Production, Malavida Films, Pathé et Gaumont. Dans ce défilé dédié au cinéma de Patrimoine, on retrouve de chefs-d’œuvres dépoussiérés (La Roue, d'Abel Gance), du cinéma d'exploitation (l'érotisme d'un Michel Lemoine), des classiques du cinéma (à travers des coffrets prestiges d'Yves Robert ou Michel Audiard), des films européens (Andrej Wajda, Mario Bava) ou encore du vieux western (Rio Grande). Ces trésors du cinéma de Patrimoine reflètent bien la démarche de L'Appel des 85, à savoir que le support physique est aujourd'hui un objet de collection tel un beau livre. La plupart des films présentés ont bénéficié de superbes restaurations en haute définition, certains coffrets prestiges sont édités en tirage limité alors que d'autres sont accompagnés de goodies rétro comme des affiches ou des cartes postales. De quoi continuer à nourrir sa cinéphilie et découvrir de nouvelles perles d'un cinéma qui n'est pas prêt de disparaître.

 

 

 

 

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