Accréditation

Sandra den Hamer (EYE Film Museum) : "Produire moins pour davantage prendre soin"

Le Grand témoin de cette 6e édition a pris la parole ce mardi après midi pour une keynote autour de son parcours et du travail du EYE Film Museum qui combine, à la fois, un rôle de musée et d’institut du cinéma. 
 
sandra den hamer
 

Après avoir rappelé les grandes de lignes de son parcours, de stagiaire à l’IFFR   à directrice de l’EYE Film Museum en passant par la direction de l’IFFR et la coordination du Cinemart et du Hubert Bals Fund, motivé par une forte cinéphilie - « Ainsi, en étant stagiaire, je pouvais voir autant de films que je voulais sans payer de billets! » - et un véritable de sens de la continuité. 

La véritable particularité du EYE Film Museum est son double emploi, à la fois institution et musée. Mais après de nombreuses interrogations sur le sens de ce dernier mot, il a été décidé que dans le nouveau bâtiment qui a été inauguré en 2012, ce musée sera celui d’un cinéma vivant où se croiseraient films de patrimoine mais aussi longs métrages actuels et images mouvantes du futur comme la vidéo expérimentale, avec notamment une expérience mêlant recherches sur internet, intelligence artificielle et archives, ou encore VR. Le musée ayant reçu notamment le Carne y Arena d’Alejandro Inarritu. 

EYE c’est aussi une grande collection de plus de 50 000 films. Des films hollandais, ou financés par la Hollande, certes, mais aussi indépendamment, une collection de films internationaux choisis pour leur pertinence culturelle et esthétique dans une volonté de préservation et de partage de patrimoine mondial, particulièrement centré sur le film d’auteur. 

Sept programmateurs animent les quatre salles de cinéma que compte cet institut-musée. Des ciné-concerts mais aussi des programmes pour les 2-4 ans le dimanche, Ciné-mini, ou encore rétrospectives et liens avec les autres arts avec Eye on arts rythment l’année de EYE. Deux-trois programmations spéciales, transversales sur des thématiques souvent politique, comme l’Amérique au moment des élections ou Mai 68, mais toujours vues du point de vue du cinéma, complètent l’ensemble. Le lieu accueille également d’autres festivals. L’un des points de focus de EYE est également l’éducation à l’image avec des programmes et des méthodes créées pour les 4 à 18 ans afin qu’ils maitrisent davantage ce langage qui les entoure : « Nous leur faisons notamment faire des films pour qu’ils comprennent mieux le sens du montage et des images mais aussi qu’ils développent leur créativité » précise Sandra Den Hamer.  

Du côté plus institut, EYE est également très actif. Financé par des subventions de l’état, il tient également grâce aux revenus de ses entrées mais surtout grâce à des mécènes et des fonds privés. Surtout depuis que les budgets culture ont été réduits il y a quelques années aux Pays-Bas. Avant distributeur de films d’auteur peu porteur, EYE s’est désormais recentré sur les films classiques et les courts métrages et autres films expérimentaux pour ne pas empiéter sur le terrain des distributeurs locaux. En 2007, EYE avait lancé un grand plan de numérisation de sa collection, Images for the future, pour la préservation de ces derniers avec une volonté d’aller très vite pour faire l’ensemble de sa collection. Ils sont depuis revenus sur leurs pas, les formats numériques changeant bien trop rapidement et la pellicule restant toujours le plus sûr sur le long terme, si bien conservé. Désormais EYE numérise à la demande, notamment pour des cinéastes qui souhaiteraient retoucher leur oeuvre. 

Sandra den Hamer a conclu cette présentation du modèle hollandais en élargissant aux problématiques européennes. Pour elle, la préservation du patrimoine est primordiale et l’Union Européenne qui encourage majoritairement la production ne prend pas toujours le bon chemin : « On devrait produire moins et mieux prendre soin de ce qu’on a déjà. Il ne faut pas oublier que les films d’aujourd’hui sont le patrimoine de demain, il faut y penser ». Une coopération internationale devrait, selon elle, être mise en place entre les pays notamment au niveau du droit d’auteur des films les plus anciens afin qu’ils soient accessibles à tous sur, éventuellement, une plateforme européenne. Mais il faudra « beaucoup d’efforts et de travail » a-t-elle préciser dans un sourire avant de montrer un petit film muet hollandais de femmes acrobates, métaphore, d’après elle et avec humour, la difficulté de réaliser des projets dans l’UE. 

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