Accréditation

Le futur du DVD/Blu-Ray : durable ou incertain?

En prélude de la 7e édition du MIFC, le Marché a accueilli ce dimanche son premier Salon du DVD. A l’occasion de ce dernier, une conférence sur l’avenir du support DVD a eu lieu. 

 

Animée par Thomas Baurez, journaliste à Première et France 24, la table ronde intitulée « Le futur du DVD/Blu-Ray : durable ou incertain? » réunissait Manuel Chiche (La Rabbia/The Jokers), Stefan Dröessler (Filmmuseum München/Edition Filmmuseum), Brian Jamieson (Red Jam LLC/Twilight Time/Redwind Productions Inc) Henri Moisan (Vidéosphère), Sungji Oh (Archives du film coréennes) et Vincent Paul-Bonjour (Carlotta). 

 

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, Benoît Danard, directeur des études, des statistiques et de la prospectives au CNC, a dévoilé une étude dédiée au marché du DVD/Blu-Ray. Basée sur une enquête de Médiamétrie réalisée sur un échantillon de 1 029 spectateurs de cinéma âgés de 15 ans et plus, cette étude montre une véritable appétence du public français pour le cinéma de patrimoine (films de plus de 10 ans) et pour l’objet DVD/Blu-Ray et ce malgré une baisse significative du marché en 10 ans dont les recettes ont chuté de 67,6%. Et il s’avère que les films de patrimoine restent les plus stables sur ce marché, le consommateur français étant particulièrement collectionneur, intéressé par l’objet et les bonus disponibles, et/ou voyant toujours le DVD comme un objet de partage. L’étude complète est à retrouver en cliquant ici (disponible à partir du lundi 14 octobre). 

 

Suite à cette introduction, chaque intervenant a donné sa vision du marché, en fonction de son pays. Et force est de constater que les discours sont assez unanimes en France. Si la baisse du marché n’a échappé à personne, il reste un vrai enthousiasme à faire les plus belles éditions possibles dans la meilleure qualité possible pour attirer un public de plus en plus exigeant. « Face à la baisse du marché, il faut déployer encore plus d’énergie qu’il y a 20 ans où le DVD était au sommet. On se pose des questions de cinéphiles pour agrémenter nos éditions » précise Vincent Paul-Boncour. La diversité dans les formats est également nécessaire, tout le monde ne cherchant pas forcément l’édition collector, souhaitant parfois le film seul. Il est d’ailleurs important de noter qu’il n’y a pas d’obsession technologique en France, l’équilibre entre DVD et Blu-Ray étant stable à quasiment 50/50. Le choix des films à éditer se fait à l’envie tout en restant conscient de l’air du temps mais l’heure est à la décroissance; Et à la frénésie du début des années 2000 succède une envie de produire moins mais mieux. 

 

Mais ce public du DVD vieillit comme l’a noté avec humour Manuel Chiche, la moyenne d'âge tournant davantage autour de 50 ans. Il est ainsi de plus en plus dur d’attirer les plus jeunes générations, habituées à d’autres modes de consommation des images, vers l’objet DVD. Un constat également fait par Henri Moisan qui, avec sa vidéothèque Vidéosphère et ses plus de 40 000 DVD, à louer ou à vendre, voit bien son public se flétrir, surtout dans un monde où les vidéoclubs ont en majorité disparu. Mais il observe également toute une génération, déjà abonnée aux plateformes, qui revient dans ce type de magasin pour plus de conseils : « Ce que les algorithmes ne pourront jamais réellement faire. Ils ne remplaceront pas la parole d’un cinéphile ». 

 

Du côté des intervenants étrangers, le discours était un peu moins enthousiaste. Si tous partageaient avec les Français un goût pour l’objet et les éditions de qualité, le ton s’avérait plus amer. Ainsi, du côté de la Corée du Sud représentée par Sungji  Oh, les Archives du film coréennes ont sorti quelques 60 films classiques coréens restaurés depuis 2004 mais le résultat n’est désormais plus très satisfaisant et l’édition de Blu-Ray, le support DVD ayant été totalement abandonné, est elle-même remis en question au profit du digital. Même son de cloche en Allemagne où l’on désespère de lutter contre le piratage et où le travail de recherches de Filmmuseum, par exemple, pour les bonus n’est pas reconnu à sa juste valeur selon Stefan Dröessler. De son côté, l’Américain Brian Jamieson racontait la décroissance du marché en moins de 10 ans entre le moment où il a lancé Twilight Time en 2010 où ses éditions très limitées (3000 copies) de classiques issus de studios comme Universal ou la Fox s’épuisaient en quelques jours et où maintenant elles peinent à s’écouler au bout de plusieurs mois. S’ajoute à cela la difficulté de travailler avec les studios, bien plus occupés par la course au streaming que par leur catalogue. Mais aucun ne semble prêt à rendre les armes, par passion du cinéma avant tout.

 

Tous étaient en revanche d’accord sur la nécessité de mettre des prix accessibles certes mais assez élevés pour ces éditions, afin de valoriser le travail effectué et ne pas encourager une certaine culture du gratuit. Selon eux, le sacrifice des prix, pratiqué par des plateformes comme Amazon ou autres, n’aide pas une industrie pour qui il est de plus en plus dur de rentrer dans ses frais. 

 

Les problèmes qu’il faut contrer sont donc bien, à la fois celui du pouvoir d’achat, mais également celui du temps disponible chez les spectateurs ainsi qu’une culture de moins en moins tournée vers l’objet physique. Mais pour Henri Moisan, il est important de revenir au DVD, ne serait-ce que pour des considération écologiques, l’objet étant moins polluant, au bout du compte, que les serveurs des plateformes. Et Brian Jamieson de conclure sur l’exception française en matière d’attrait pour le cinéma : « C’est dans votre ADN » a-t-il dit avec un sourire. Et avec ce voeu pieux : « Le vinyl est revenu à la mode, peut-être peut-on espérer cela pour le DVD/Blu-Ray ? ». 

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