Accréditation

CONVERSATION AVEC LE CNC

Comme c’est la tradition, la dernière table ronde du MIFC était celle de la conversation avec le CNC qui réunissait cette année Laurent Cormier, directeur du Patrimoine Cinématographique au CNC, Laëtita Facon, cheffe du service de la diffusion numérique au CNC, Mathias Hautefort, président du Syndicat des Editeurs de Vidéo à la Demande, Sophie Jardillier, directrice adjointe des études, des statistiques et de la prospective au CNC, Sabrina Joutard, directrice adjointe catalogue chez Pathé Film et présidente du Syndicat des catalogues de films de patrimoine et Hugues Peysson, trésorier de l’Association L’Appel des 85. 

Pour ouvrir cette conversation, Sophie Jardillier a présenté un bilan sur l’année passée pour le secteur du patrimoine. Cette présentation complète est à retrouver en cliquant ici. Parmi les informations importantes à retenir, on pourra noter que près de 90 % déclarent en visionner, davantage sur leur écran de télévision et, en particulier, des films cultes, de plus de 40 ans et français, avec un attrait plus fort pour les films de patrimoine connus. Les résultats en salles des films de catalogue sont à leur plus haut niveau depuis 1997 : 4,4 millions d’entrées et 2,4 % de part de marché. Deux ressorties boostent particulièrement ces résultats en salles : Titanic et Astérix et Obélix : mission Cléopâtre. On note également que le patrimoine reste un socle important pour la vidéo physique dans un marché à nouveau à la baisse, représentant 32 % des ventes en 2023. Du côté de la VàD transactionnelle, c’est autre chose puisque la part de marché est en recul de 10%. Enfin, on peut remarquer une hausse sensible de la part de la consommation en VàDA pour les films de patrimoine (25 %) dans un contexte de baisse de la consommation cinéma. 

Quelle diffusion pour le cinéma de patrimoine? 

La conversation s’est poursuivie autour de la question de la diffusion des oeuvres de patrimoine. Laurent Cormier a notamment expliqué que si les réseaux étaient nombreux, allant de la salle de cinéma aux plateformes en passant par l’édition physique, les festivals ou encore les médiathèques, il était toujours primordial de permettre la numérisation et la restauration des oeuvres. Dans ce but, il a annoncé qu’à partir du 1er janvier le CNC allait pouvoir aider les films sortis jusqu’en 2010. 

Au sujet de la restauration, Sabrina Joutard annonce qu’il faut encore trouver des actions communes pour aider ce travail, puisque les aides du CNC, qui représentent 0,4% de son budget, ne sont pas suffisantes. L’attente, pour le moment, se joue autour de l’Europe et du programme MEDIA et de 2027 où sera annoncée la nouvelle dotation budgétaire. 

Quid de la vidéo physique? 

Hugues Peysson a rappelé le rôle important des éditeurs vidéos dans un marché en baisse, mais où le patrimoine s’avère résilient. Il a également préciser que le travail des éditeurs sur le film frais est une manière de préparer le patrimoine de demain et que la circulation était vertueuse entre la salle et la vidéo. En prenant l’exemple d’Elephant Man, il expose qu’un long métrage de patrimoine qui fonctionne bien en salles donnera des envies aux spectateurs de se le procurer en édition physique. A ce bilan plutôt positif, malgré la baisse indéniable de ce marché, Laetitia Façon a ajouté que le CNC accompagne la vidéo depuis 1994 et continuera à le faire, notamment grâce à une enveloppe dédiée et sanctuarisée qui s’élève à 4 millions d’euros.  

Une VàD et SVàD plus inquiète 

Pour Matthias Hautefort, si le rapprochement d’Universciné et de Filmo est un symbole fort et positif, il ne masque pas les problèmes que rencontre le secteur. Le président du Syndicat des Editeurs de Vidéo à la Demande tire la sonnette d’alarme sur l’offre gratuite qui, selon lui, va perturber, à terme, la monétisation des oeuvres sur les plateformes payantes. Il précise également qu’il existe une grande disparité entre les plateformes et que plusieurs d’entre elles sont dans le rouge, voire disparaissent comme ce fut le cas de Salto. Un danger pour la diffusion du patrimoine. Il est également revenu sur la TSV, la taxe sur la diffusion en vidéo physique et en ligne de contenus audiovisuels, qui a doublé depuis 2020 tandis que les aides, non. Laetitia Facon, la cheffe du service de la diffusion numérique au CNC, a répondu à ces propos en précisant que les discussions sont en cours au sujet des aides et que des entretiens ont débuté depuis début octobre avec les différentes plateformes. 

Sabrina Joutard a ajouté un point sur la télévision, inquiète de voir France Télévisions réduire son nombre de films diffusés, à l’inverse de M6, par exemple. Elle suggère un rendez-vous du CNC avec France Télévisions. 

Vers une augmentation de l’aide pour investir? 

Sur la fin de la table ronde, Matthias Hautefort, Sabrina Joutard et Hugues Peysson ont fait front commun pour demander, plus globalement, une augmentation du pourcentage du budget du CNC qui leur est globalement attribué. A la fois pour soutenir les plateformes en difficulté, les restaurations mais aussi le secteur de la vidéo pour permettre des éditions de meilleure qualité encore, sans que cela ne coûte trop cher aux éditeurs. L’objectif global est de permettre à ces différents métiers du patrimoine de se projeter dans le futur au lieu de s’adapter au jour le jour. 

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