Accréditation

De l’objet brut à l’objet collector : "Les aides du CNC sur la vidéo physique sont indispensables"

2e grand temps fort de cette première journée autour de l’édition DVD/BluRay, la table ronde animée par Jérôme Soulet a ouvert la parole.

MIFC Editions DVD

Divisée en quatre temps, la rencontre "Editions DVD/BluRay et livres de patrimoine : de l’objet brut à l’objet collector" a débuté avec trois acteurs de la distribution alternative: Stéphane André de ESC Editions, Nils Bouaziz de Potemkine et Stéphane Bouyer du Chat qui fume. Et le constat est sans appel selon ces éditeurs indépendants : là où certains, notamment la grande distribution, avait pu prendre de haut leur modèle, le résultat est qu’il fonctionne. Et même mieux que celui des persifleurs. En effet, si de manière générale, la vente de vidéo physique chute, celle de ces circuits semble, elle, se maintenir voire augmenter. Leur force? Une proximité avec le client avec des magasins dédiés mais aussi une vente par internet qui fonctionne particulièrement bien pour les films assez rares dont ils disposent dans leur catalogue. Et surtout le lien avec l’institutionnel. Et Stéphane André de citer notamment le réseau ADAV qui permet à certains plus petits éditeurs de rentrer dans leur frais. L’autre grand acteur institutionnel avec lequel ils peuvent vivre est le CNC qui aide à hauteur de 4,5 millions d’euros par an ce secteur : "Elles sont indispensables" insiste Nils Bouaziz. D’une voix commune, si le rêve du prix unique reste vivant, ce qui leur permet de rester le plus à flots sont les éditions de qualité, creusées et recherchées car "le marché s’est restreint autour d’une niche qui recherche l’exception, l’objet collector". Le passage à la VoD/SVoD? Pas encore pour eux qui préfèrent déléguer les mandats à l’exception de ESC Editions qui a annoncé passer l’année prochaine à la VoD.

La deuxième partie réunissait trois éditeurs et réalisateur qui participent à la constitution de ces éditions collectors: Alain Carradore de Sidonis Calysta, Lisa Fontaine de Wild Bunch et Jérôme Wybon de l’Atelier d’images. Le DVD/BluRay est en chute libre? Peut-être mais une baisse de rythme par rapport aux débuts des années 2000 est plutôt positive selon eux. Notamment car elle leur laisse le temps de travailler plus en profondeur les éditions qu’ils préparent avec des contenus toujours plus originaux, pertinents et exceptionnels, en particulier pour le film classique. La solution à la baisse du marché est dans la qualité et ce n’est, selon eux, plus possible de sortir juste une galette, à moins de vouloir immédiatement les mettre à prix bas. Cependant, une remarque veut que le cinéma de patrimoine est celui qui souffre le moins de la perte de vitesse du DVD et du BluRay. Mais pour Alain Carradore, cela reste une industrie où il faut savoir prendre des risques et c’est ce pourquoi il a rendu hommage à Manuel Chiche, qui était l’invité suivant, notamment pour son édition, qui a connu un grand succès, de la Nuit du chasseur. 

Le nouveau lauréat du prix Raymont-Chirat a pris la parole ensuite en se lançant sur le sujet des vidéoclubs. Véritable lieu de culte pour tous les cinéphiles qui ont connu la VHS, ils ont tous plus ou moins disparu. La faute à une évolution de la société vers la dématérialisation. Mais Manuel Chiche a une théorie : et si nous n’étions pas en train de repartir à l’envers. Après avoir lancé un débat sur le sujet de "quel est le nouveau vidéoclub?" qui a animé les passions dans la salle, le président de The Jokers et de La Rabbia a développé son idée. Pour lui, le manque de mise en contexte des films dans les plateformes amènent vers une nouvelle contre-culture qui se traduit notamment par des initiatives comme MUBI : "Je ne crois pas en l’hégémonie des Netflix et Amazon, mais pour l’instant le modèle économique et éditorial n’a pas encore été trouvé". Une question reste en suspens concernant l’éditorialisation, surtout d’un point de vue générationnel: faut-il encore parier sur un éditorial émanent des éditeurs/distributeurs/diffuseurs ou celui-ci doit-il être déportés à d’autres groupes qui émergeraient d’eux-mêmes, comme des nouveaux Starfix version 2.0? 

Enfin Tiphaine Pirlot, chargée de mission vidéo au CNC a clôturé cette session en rappelant les aides du Centre pour la vidéo physique, développant notamment le cas de NUMEV qui est une aide à la numérisation pour les oeuvres de patrimoine en vidéo physique avec obligation en BluRay. Pour en bénéficier, l’oeuvre doit être une production majoritairement française, être sortie en salle en France et son visa d’exploitation doit dater d’avant le 31 décembre 1999. Elle précise qu’en tout, parmi l’ensemble de ces aides, 40% concerne le cinéma classique et que ces dernières représentent 60% du montant des aides accordées. Elle a conclu en précisant qu’en 2018, le CNC allait renforcer son action sur l’éditorialisation des films en vidéo physique. 

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