Accréditation

Du DVD à la 4K : l’histoire sans fin de nos étagères vidéo

L'objectif de cette table ronde était de décrypter la coexistence des formats vidéo (DVD, Blu-ray, 4K) et les défis de l'édition physique, en particulier pour le cinéma de patrimoine. Organisée en partenariat avec la REV (Réunion des Editeurs Vidéos, elle rassemblait Nicolas Billon (Com' On Screen), Carine Bach (Extralucid Films), Alexis Hyaumet (VDM), et modérée par Jérôme Wybon (historien du cinéma).

Conférence : Du DVD au 4K

I. Le Marché Actuel et la Coexistence des Supports

  • Persistance du DVD : Le DVD reste le support le plus démocratisé et est encore très important sur le marché.

    • Le lancement raté du Blu-ray, avec une mauvaise communication et la confusion de la guerre des formats (HD DVD vs. Blu-ray), a ralenti l'adoption de la HD.

    • Les institutions (médiathèques, bibliothèques) achètent majoritairement du DVD pour leur public, souvent non équipé en Blu-ray ou UHD, et prêtent même des lecteurs DVD.

  • Collectionneurs et Cinéphiles : Une cinéphilie de genre (et du cinéma de patrimoine) plus forte alimente la demande pour les supports de meilleure qualité (Blu-ray et UHD/4K), car ces publics cherchent une qualité d'image et de son optimales.

  • La Guerre des Formats (HD DVD vs. Blu-ray) : L'abandon brutal du HD DVD (notamment après le ralliement de Warner au Blu-ray) a créé une confusion et une méfiance chez les early adopters qui se sont retrouvés avec du matériel rapidement obsolète, nuisant à l'adoption grand public des formats HD. De plus, il y a eu un problème à l'époque pour bien faire comprendre au public la différence de qualité entre le DVD et le Blu-ray, certains ne voyant "pas la différence".


 

II. Les Rééditions : Justification et Coûts

  • Nouveaux Masters et Restauration 4K : La principale justification des rééditions est l'existence d'un nouveau master (restauration 2K, 4K). La restauration est un travail long et coûteux, surtout pour les films au passé complexe (ex: La Révolution Française de Robert Enrico), dont le tournage/montage a subi de multiples manipulations pour différentes versions (cinéma, TV, différentes langues), nécessitant de scanner et compiler de multiples bobines.

  • L'Exploitation des Droits :

    • L'achat des droits Blu-ray et UHD se fait souvent séparément et constitue un investissement. Il faut ajouter à ça que la fabrication de Blu-ray et UHD requiert de payer une licence à Sony pour chaque format.

    • Pour les films de majors (Monster Squad), l'accès aux licences est difficile. Les éditeurs indépendants doivent négocier ferme, y compris sur la durée de la licence (parfois seulement 3 à 5 ans, contre 7 ans auparavant), ou sur le nombre de copies qu'ils vont sortir, pour obtenir des prix viables pour le marché français qui n'est pas si important en matière de taille.

  • Contenu Éditorial et Packaging :

    • Les bonus (commentaires, documentaires) doivent souvent être rachetés ou produits localement (création de suppléments inédits), nécessitant traduction et sous-titrage.

    • Le packaging est crucial pour le collectionneur : les éditions limitées, les boîtiers métal (steelbooks), les illustrations originales et les coffrets cartonnés transforment le film en un objet de qualité justifiant l'achat.


 

III. Les Attentes du Public et l'Avenir du Support

  • Marché Assaini : Contrairement aux années 2000, où il y avait une inflation de rééditions superflues, les éditeurs actuels attendent souvent un nouveau master ou un gap temporel important pour rééditer (Monster Squad a attendu 18 ans).

  • La Préservation : Le support physique est un acte de préservation. Contrairement au streaming (qui peut retirer un titre faute de droits, comme un vidéoclub), le disque acheté est permanent.

  • Raretés et Nouveaux Titres : Le marché s'oriente vers les raretés et les films inédits en support physique, témoignant d'une curiosité forte du public pour des œuvres jusque-là introuvables.

  • Le Dernier Support ? La question est posée de savoir si l'UHD (Ultra HD) est le dernier support physique.

    • Il y a des limites technologiques : la résolution extrême de l'UHD (et même du Blu-ray) peut révéler des défauts inhérents au tournage de certains films anciens (ex: le bas de soie sur l'objectif dans Fedora de Billy Wilder), qui n'étaient pas visibles auparavant.

    • Le sentiment général est que l'UHD, notamment grâce à la technologie HDR (High Dynamic Range), apporte une plus-value technique réelle qui pourrait en faire le support physique ultime.

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