Pour la première fois, le Marché International du Film Classique accueillait vendredi 17 octobre 2025 la présidence du CNC entre ses murs : Gaëtan Bruel, président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), était mis à l’honneur lors d’un entretien inédit avec Florian Krieg, rédacteur en chef du Film français. Une première pour la dernière de la 13e édition du Marché.

1. L’éducation face au cinéma
- La cinéphilie de Gaëtan Bruel : Si le président du CNC différencie sa cinéphilie personnelle de sa cinéphilie professionnelle, précisant ne pas les mélanger lorsqu’il exerce ses fonctions, exerçant une direction stratégique et tactique quant aux missions du CNC, il définit tout de même sa cinéphilie personnelle comme scolaire, tant elle a bénéficié des cours de cinéma et d’éducation aux images qu’il a suivi enfant puis adolescent et jeune adulte.
- L’éducation aux images : Gaëtan Bruel se dit très attaché à l’éducation aux images, qu’il juge essentielle pour faire venir le public dans les salles. Un engagement qui prend la forme au CNC de l’initiative « Ma classe au cinéma ».
2. L’importance du cinéma de patrimoine dans le Cinéma
- Un centre de gravité : Considéré comme le « cœur du Cinéma » par Gaëtan Bruel, le cinéma de patrimoine est pour lui le meilleur chemin vers la découverte du 7e art et le développement d’une cinéphilie personnelle.
- Un atout pour la fréquentation : Secteur en pleine vitalité et filière d’une grande qualité, le cinéma de patrimoine est moins impacté par la baisse de la fréquentation des salles que le cinéma neuf. Les chiffres montrent que 90% des Français regardent des films de patrimoine et plus d’un tiers des œuvres projetées en salles sont des films classiques. Du côté de la vidéo à la demande, le patrimoine représente plus de 45% de l’offre cinéma et plus de 22% de la consommation. C’est aussi un tiers des diffusions sur les chaînes gratuites.
- Il reste à découvrir : Plus de la moitié des œuvres sorties entre 1985 et 2004 sont visibles mais une grande partie est invisible, il reste à découvrir et en particulier dans les salles. Le numérique représente des opportunités pour cela, comme la plateforme Letterboxd.
- Il doit encore être renforcé : Si la communication autour du cinéma classique n’a jamais été aussi importante (exemple de Letterboxd), il a du mal à s’implanter dans les médias classiques, en particulier à la télévision.
3. Les prochains enjeux du CNC
- La création d’un musée du Cinéma : Le CNC souhaite suivre la volonté de Rachida Dati de créer un musée national du Cinéma en faisant revivre les collections d’Henri Langlois, sauvées de l’incendie du Palais de Chaillot de 1997.
- Renforcer le soutien aux cinémathèques : Le CNC entend poursuivre son travail de soutien aux cinémathèques, notamment en renforçant de façon pérenne son budget pour la numérisation, qui passera de 2,6 millions d’euros à 3,6 millions.
- Soutenir la conservation du cinéma classique : Le CNC ne peut pas prendre en charge toutes les conservations, qui incombent aux ayants droit, mais il devient obligatoire d’intégrer le coût économique de la conservation des œuvres dans les modèles de valorisation. Une concertation sur le sujet va donc être organisée.
- La création d’un patrimoine audiovisuel : Face au rapport de Michel Gomez et à ses conclusions, présentés en avant-première au Marché le mercredi 15 octobre 2025, Gaëtan Bruel annonce qu’un budget sera dédié dès l’année prochaine à la création d’un patrimoine audiovisuel et d’une homogénéisation des politiques avec celles du cinéma de patrimoine. De premiers chantiers seront alors lancés, sans que cela ne modifie le budget alloué au cinéma classique. L’accent sera mis sur les œuvres de 1980 à 2005.