Invitée d'honneur du Marché International du Film Classique (MIFC), Andrea Kalas, archiviste, passée de Paramount Studios à Iron Mountain, où elle occupe désormais le poste de Vice-présidente des services Médias et Archives, a partagé son parcours, ses plus grandes réalisations — notamment la restauration de la saga Le Parrain — et sa vision des défis majeurs que posent la préservation audiovisuelle et l'ère numérique à l'occasion d'une masterclass menée par Gérald Duchaussoy, co-responsable du MIFC.

Fonction Actuelle : Chez Iron Mountain, Andrea supervise les Media and Archive Services, gérant la préservation de multiples archives (audiovisuelles, costumes, etc.).
Mission : Aider les clients (dont les studios majeurs) à prendre soin de leurs collections, allant du scanning à la numérisation vidéo/film.
Innovation Clé : L'équipe a créé l'Archive Explorer, une machine qui capture et numérise rapidement les informations d'inventaire d'objets ou de boîtes (via OCR), essentielle pour les collections non cataloguées.
Chambres Fortes Froides : Le projet prioritaire est la construction de chambres froides (aux États-Unis et au Royaume-Uni) pour le stockage des films. La raison : les températures sous le point de congélation sont vitales pour arrêter la détérioration des films à base d'acétate et prolonger leur durée de vie.
Centres de Numérisation : L'entreprise opère des centres de numérisation (studios) et peut déployer des environnements de travail standardisés et former des équipes chez ses clients à travers le monde.
Le parcours d'Andrea est jalonné de succès dans les plus grandes institutions, dont UCLA, le British Film Institute (BFI), où elle a notamment construit une chambre froide unique pour films nitrate et acétate, et Paramount Pictures, où elle a étendu les archives et préservé des films rares.
L'une des plus grandes fiertés d'Andrea durant son mandat chez Paramount fut sans conteste la supervision de la restauration des trois films du Parrain (The Godfather) en prévision du 50e anniversaire de la saga en 2022. Ce fut un défi de taille qui commença cinq ans à l'avance pour s'assurer du budget nécessaire. L'équipe entreprit de restaurer les trois opus simultanément, s'attachant pour les deux premiers volets à retrouver le moindre fragment de négatif original, même s'il ne s'agissait que d'une seule image, pour pallier les dommages accumulés au fil des utilisations intensives. Le troisième film, quant à lui, fit l'objet d'un remontage voulu par Francis Ford Coppola, ce qui impliqua une collaboration étroite et facilitée par la période du COVID-19, le réalisateur étant moins en déplacement. Andrea a tout de même rappelé qu'ils avaient pris soin de conserver la version originale du troisième film pour l'histoire. L'aboutissement du projet fut marqué par une projection privée du nouveau montage à une partie du casting, dont Diane Keaton et Al Pacino, un moment très émouvant qui témoigna de l'impact personnel profond de l'œuvre sur ceux qui y avaient participé. La réussite fut confirmée lorsque Coppola donna son approbation finale et le travail fut couronné par une projection mémorable sur la plage au Festival de Cannes.
Préservation Numérique : Face à la production de plus en plus numérique, Andrea a insisté sur l'importance de la préservation numérique (contrôles d'intégrité, protocoles) et a co-fondé l'Academy Digital Preservation Forum pour partager les connaissances.
Défis : Le financement reste un obstacle majeur, ainsi que l'urgence de la numérisation des bandes vidéo obsolètes et l'intégration de l'Intelligence Artificielle (IA) pour la recherche et la restauration.
Vision : Andrea voit les crises technologiques comme des catalyseurs qui ont mené à une révolution de l'archivage, espérant que l'ère de l'IA renforcera la reconnaissance et l'utilisation de l'héritage archivistique.
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