Accréditation

Un modèle inversé : des actions concrètes pour la mise en valeur du patrimoine cinématographique hongrois

Entretenant d’étroites relations avec le Marché International du Film Classique depuis sa première édition, la Hongrie était mise à l’honneur le mercredi 15 octobre 2025, près de dix ans après sa mise en lumière durant l’édition anniversaire de 2017 du Marché. Lors de l’étude de cas de mercredi, elle était représentée par trois personnalités du National Film Institute Hungary : Csaba Bereczki, directeur des affaires internationales et des ventes, György Raduly, directeur des archives du film et Viktoria Sovak Lelievre, directrice, également figure du laboratoire Filmlab. Modérés par Joël Chapron, spécialiste des cinématographies d’Europe centrale et orientale, tous trois ont pu dresser un portrait de l’état du cinéma de patrimoine en Hongrie et de son modèle inversé.

Pays à l'honneur Hongrie

Une histoire complexe

Jusqu’en 2011, le patrimoine hongrois était placé sous la direction de Vera Gyurey, figure du cinéma classique et de sa restauration numérique en Hongrie. Tombé en faillite en 2011, l’ancien centre de conservation devenait le National Film Institute Hungary (NFI), une institution hybride regroupant archives, restauration et distribution sous une même entité dont le but premier est de diffuser le patrimoine hongrois. Cela passe notamment par des partenariats institutionnels noués avec le ministère de l’Éducation, qui prend la forme d’un catalogue mis à disposition des enseignants pour des cours d’éducation à l’image, ainsi qu’un programme de subvention auprès des salles de cinéma. Dans le cadre de cette initiative, qui connaît un franc succès avec 50 000 entrées enregistrées l’année dernière, les salles de 16 villes accueillent des classes pendant leurs heures creuses. Concernant son économie, le NFI bénéficie du fonds Creative Europe et d’aides de l’État, à l’image de ce qui est fait par le CNC en France. Il récolte aussi des recettes via ses nombreux volets.

Une institution multitâche

Unique en son genre avec la réunion sous le même nom d’archives, d’un laboratoire et d’un service de distribution, le NFI peut notamment compter sur le travail du laboratoire Filmlab pour assurer la restauration des titres de son catalogue. Une trentaine de longs métrages sont restaurés chaque année selon l’état des pellicules, des anniversaires ou événements importants (comme le Festival d’Annecy qui a accueilli plusieurs titres d’animation hongrois cette année) ou encore suivant les dialogues avec les professionnels du secteur. Travaillant aussi sur des films neufs en parallèle de son travail de restauration et de numérisation des archives hongroises, ce qui lui permet d’engranger des bénéfices, Filmlab s’occupe de restaurer au format numérique tout en pouvant remettre des œuvres sur pellicule si besoin. Filmlab coopère aussi avec d’autres pays. C’était par exemple le cas pour Le Revenant d’Alfréd Deésy, dont l’unique copie a été retrouvée à la Cinémathèque royale de Belgique, invitée à collaborer sur cette restauration, tout comme la Cinémathèque française, le film étant l’adaptation d’un roman de Gaston Leroux. Cette coopération est la preuve de l’ouverture internationale du cinéma de patrimoine hongrois, dont la diffusion se fait à l’étranger grâce à des partenariats internationaux avec les distributeurs mais aussi les Instituts. Une ouverture que le NFI aimerait pouvoir renforcer avec une plateforme européenne.

Un patrimoine qui attire : la preuve du Marathon du Film Classique de Budapest 

Si le cinéma classique a trouvé son public en Hongrie, c’est en particulier grâce au succès du Marathon du Film Classique de Budapest, lancé en 2017 afin de mieux diffuser le patrimoine hongrois dans les salles. Un seul cinéma avait alors accepté de programmer du cinéma de patrimoine, mais seulement dans une salle et demi et sur une durée de deux jours et demi : le Marathon était né ! En tout, 5 000 spectateurs se sont réunis pour cette première édition, qui a inscrit le festival dans le temps : en 2018, il comptait cinq lieux de projections et une projection en plein air. Le pari d’attirer le public en salles pour voir des films classiques a été gagné, le festival agrège aujourd’hui des rencontres et des conférences, au cours desquelles la distribution du cinéma classique est un sujet majeur.

Quelle suite pour le NFI ?

Évoluant depuis sa fondation en 2011, le National Film Institute de Hongrie souhaite grandir en inaugurant bientôt sa propre cinémathèque : en phase de planification architecturale, un lieu a déjà été trouvé, il ne reste qu’à négocier avec le gouvernement. Cette ambition concernerait en particulier Filmlab, qui a aussi pour projet d’évoluer en construisant un nouveau laboratoire, plus adapté à ses besoins et à ceux du secteur. Deux volontés intrinsèquement liées, comme les deux entités le sont depuis plus de dix ans.

 

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