Accréditation

Conversation avec Nick Varley et Julie Pearce

Quel avenir pour la distribution et l’exploitation du patrimoine à l’heure du streaming était l’angle de cette conversation en tête à tête dont le mot clé fut « curation ».

 

Ce mercredi matin, Nick Varley, consultant indépendant et co-fondateur de Park Circus, et Julie Pearce, directrice de la distribution et des opérations de programmation au BFI, ont pris la parole en tandem pour une discussion franche sur l’avenir du cinéma de patrimoine en salles à l’époque des plateformes. 

Fort de leurs 50 ans, à eux deux, d’expérience dans le monde du film de patrimoine, les deux britanniques en sont arrivés à une conclusion assez définitive sur le problème posé ici : la curation. Car quand on parle de l’avenir du cinéma de patrimoine, le sujet sous-jacent est évidemment : comment attirer la jeune génération en salles, comment l’intéresser à ces oeuvres du passé ? Si nous n’avons jamais autant eu accès aux films que maintenant avec la salle, les plateformes, la télévision et la vidéo physique, le fait est que ce trop plein de possibilités a plus pour effet d’enfermer que d’ouvrir les spectateurs. Avec ce choix illimités, l’audience, et en particulier, la plus jeune, ne sait plus où donner de la tête et préfère se confiner dans ce qu’elle connait déjà. Et ce n’est pas l’algorithme des plateformes qui y fera grand chose, n’encourageant pas la curiosité du spectateur. Pour cela, l’humain reste l’élément le plus fort mais il doit s’adapter pour se rendre encore plus attractif. 

C’est ce qu’a expliqué Julie Pearce en énumérant tout au long de la conversation les différentes façons qu’a le BFI d’attirer de nouvelles audiences. Il y a notamment des programmes prévus pour les plus petits pour les habituer dès le plus jeune âge au grand écran ainsi que, en journée, des tickets à 3£, salvateur dans un Londres où la moindre place de cinéma excède les 11£. Le marketing a aussi une place importante notamment sur les réseaux sociaux avec des posts ou des vidéos prévus pour correspondre à l’air du temps comme l’a prouvé la bande-annonce de Singin’ in the rain projetée en ouverture de cette conversation. Il faut aller sur le terrain des plus jeunes pour les attirer mais aussi leur montrer qu’ils sont les bienvenus en faisant du lieu, le BFI, un endroit accueillant où ils auraient envie de venir, du design de l’espace à la moindre marque de bière disponible. Mais l’essentiel est avant tout la programmation. Ainsi quand le BFI projette le récent Bait de Mark Jenkin, il précède cette projection d’un court métrage, Birth of a Flower de 1910, en lien avec l’esthétique du film. Quand l’Institut britannique organise la rétrospective Kubrick, il l’agrémente de longs métrages qui ont inspiré ce dernier. Et si le cinéaste est encore vivant, comme Pedro Almodovar, il lui laisse une carte blanche. Par ailleurs, le BFI a lancé la plateforme BFI Player qui permet d’avoir accès à des films hors-Londres mais aussi d’atteindre une nouvelle audience, plus branchée web. De même pour son partenariat avec MUBI, où les utilisateurs ont le droit à une place gratuite pour venir voir en salle un film programmé par le BFI sur la plateforme. Un succès notamment auprès des plus jeunes.  

Si Nick Varley et Julie Pearce ont insisté sur l’idée que les plateformes n’étaient pas l’ennemi, que toute façon de voir les films était la bonne car cela les faisait vivre et que tous les média devaient travailler main dans la main, ils ont aussi tiré la sonnette d’alarme. Une alerte au niveau de la disponibilité des copies. La crainte de Nick Varley étant en particulier liée au gros studios aux catalogues conséquents qui sont en train de lancer leur propre plateforme. Le risque? Sous prétexte de vouloir garder leurs ressources pour leur nouvel outil, ils pourraient empêcher le licensing et donc la distribution de ces films en salles par d’autres distributeurs compétents. Privant ainsi de visibilité certains grands films. Une inquiétude partagée par Julie Pearce qui rebondissait sur les prix de plus en plus importants de location de ces longs métrages. C’est notamment pourquoi, le BFI s’apprête à acquérir une centaine de films en 35mm qu’il conservera et diffusera.  

Curation, Curation et Volonté sont le leitmotiv de ces deux Britanniques enthousiastes pour l’avenir du cinéma de patrimoine sur grand écran. 

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