Etude de Cas

Ce jeudi 20 octobre, Juliette Vivier, directrice internationale au sein du groupe Hiventy, accompagnée de Patrice Carré, journaliste au Film Français ce sont intéressés aux industries techniques face à l’évolution de leurs métiers. En particulier, au sujet des nouveaux territoires commerciaux dans les grandes régions en développement (Asie et Afrique).

Après un rapide portrait d’Hiventy, maison historique qui intervient sur toute la chaîne des services de la post-production, Juliette Vivier a proposé d’abord une radiographie du marché audiovisuel africain, puis du marché audiovisuel asiatique.

En Afrique, continent d’1,1 milliard d’habitants connaissant la plus rapide croissance démographique du monde, la moyenne d’âge st de 20-22 ans pour une classe moyenne qui a triplé en 30 ans. Du fait de cette moyenne d’âge, les modes de consommation de l’audiovisuel ont changé, passant de la télévision vers le streaming sur mobile ou smart TV.

Pour ce qui est de la langue, le continent africain est assez homogène avec une dominante du français, de l’anglais et de l’arabe suivies par des langues vernaculaires comme le Swahili, le Wolof ou encore le Pidgin pour n’en citer que quelques unes. En raison du haut taux d’illettrisme local (environ 40% de la population), le doublage est particulièrement populaire.

Par ailleurs, le continent étant très mal desservi en matière de distribution cinématographique, le mobile devient le principal enjeu en matière de captation de nouveaux consommateurs. Cependant, le Pay-TV reste dominante avec 22,6 millions d’abonnés. Canal+ reste le leader mais les nouveaux arrivants OTT tels que Netflix, Amazon Prime ou encore Disney+ s’installent rapidement et multiplient acquisitions et productions originales locales pour assoir leur place.

Enfin, le cinéma, et la salle en particulier, n’a pas encore dit son dernier mot. Alors que les multiplexes sont en plein développement sur le continent, cela profite au cinéma de patrimoine, de plus en plus populaire localement. Alors que L’Afrique du Sud restaure ses films, que le République Démocratique du Congo cherche des fonds pour le faire, le Kenya lui numérise les archives de la famille Kenyatta, puissante famille locale. Le pays passera ensuite aux archives de la défense. Un particularisme existe : le Nigéria. Avec 200 millions d’habitants et 2 500 films et séries produits par an, le pays est le premier producteur mondial en termes de volume. Au point que localement, l’audiovisuel représente 2% du PIB, juste derrière le pétrole.

Du côté de l’Asie, l’homogénéité est moins de mise, notamment en raison de la disparité des langues, et le marché s’avère plus mûr et concurrentiel. Là aussi la Pay-TV domine avec 2/3 des foyers qui y ont accès, en particulier en Ouzbékistan, au Kazakhstan et en Chine. Même l’Inde voit ses cinémas désertés au profit de l’OTT et de l’IPTV. En dehors de la Chine, YouTube reste le leader avec 42% de pdm, suivi de Netflix, 33%, Amazon, 12% et Disney, 11%. L’Asie représente au total 45% des abonnés Disney+ tandis que TikTok continue de s’imposer dans la région. L’industrie du cinéma connaît dans cette région un regain d’activité post-covid porté par la Chine, notamment sur le contenu local et européen, alors qu’en Asie du Sud Est on assiste à un regain d’intérêt envers l’importante vague de cinéma indépendant des années 90, mais ces films nécessitent d’importants travaux de restauration.

Pour les industries techniques, les enjeux sont divers selon Hiventy dans ces territoires :

-    Le désert de la post-production en Afrique Sub-Saharienne offre de nombreux enjeux d’investissement

-    La localisation du travail du sous-titrage et du doublage

-    Installer les métiers de l’encoding, du packaging et de la livraison

-    Subvenir aux problématiques de stockage des contenus

-    Apporter le savoir faire européen en matière de préservation et de restauration du patrimoine.

De son côté, Hiventy, en plus de son labophotochimique historique à Jointville a ouvert des sites au Vietnam, à Singapour, au Kenya, au Nigéria et au Maroc pour développer leur marché et contribuer aux développements locaux.